Actualités
|
Publié le 3 Juin 2015

Iannis Roder : «Non à l'histoire “doloriste” et “victimaire”»

Coauteur en 2002 des Territoires perdus de la République, Iannis Roder défend l'idée d'un récit national.

Propos recueillis par Caroline Beyer, publié dans le Figaro le 2 juin 2015
Professeur de collège en Seine-Saint-Denis, agrégé d'histoire, il pointe le fossé qui sépare les programmes de la réalité du terrain.

Que vous évoque l'actuelle polémique autour des programmes d'histoire?
Iannis Roder : Dès lors qu'il est question de nouveaux programmes d'histoire, on retrouve les mêmes polémiques, dans les mêmes termes: il n'y a plus d'histoire de France, les grandes figures disparaissent… Ces réactions sont symptomatiques des enjeux placés derrière l'enseignement de l'histoire et du malaise de la société autour de la notion d'«être français». Il est clair que proposer des thèmes facultatifs est d'une grande maladresse. Ces spécialistes qui élaborent les programmes ignorent donc ce qui traverse le pays? Le sujet de l’Islam et des Lumières font partie des questionnements des Français!
Êtes-vous favorable au récit national?
Est-ce que l'histoire doit servir à construire une nation mythique? Je ne le pense pas. En revanche, je plaide pour un récit national qui permette de montrer qu'au fil de l'histoire, malgré les écueils, nous avons tendu vers le mieux. «Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France: ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la Fête de la Fédération (premier anniversaire de la prise de la Bastille, NDLR).» Je me reconnais dans cette phrase de Marc Bloch, moi, petit-fils d'immigrés juifs hongrois qui ne parlaient pas français. L'histoire, il faut la transmettre, la faire vivre. Les élèves adorent qu'on leur raconte des histoires. Ils vibrent avec la bataille de Verdun, le «Ich bin ein Berliner» de Kennedy, le ghetto de Varsovie… Lire l’intégralité.