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Publié le 20 Avril 2015

« Les 600 combattants du Ghetto de Varsovie ont été les premiers à organiser une révolte armée contre l’oppresseur »

« il est bon, il est nécessaire, il est indispensable de rappeler le souvenir de nos frères, les combattants des ghettos »
 

Discours de Roger Cukierman, Président du CRIF
Cérémonie du Ghetto de Varsovie du 19 avril 2015 au Mémorial, 19 avril 2015

Madame la Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Chers Amis,
Les créateurs du CRIF pendant la 2° guerre mondiale ont voulu que le devoir de mémoire soit une des missions essentielles du CRIF. C’est la raison pour laquelle la Commission du Souvenir du CRIF organise cette cérémonie.
Au moment où des Juifs sont tués au seul motif qu’ils sont juifs, en France, en Belgique, au Danemark, au moment où apparaît une troisième guerre mondiale, celle que mène le jihadisme fanatique contre les Juifs, contre l’ordre, contre la liberté, contre les Chrétiens en Afrique et au Moyen-Orient, contre les valeurs de l’occident, et contre l’immense majorité du monde musulman, il est bon, il est nécessaire, il est indispensable de rappeler le souvenir de nos frères, les combattants des ghettos qui se sont levés, sachant que leur combat était désespéré, mais fiers d’être juifs. Ils ont surgi de la nuit, du fond du puits, de la mort, pour nous montrer à nous leurs descendants, qu’il y a toujours de l’espoir quand on a le courage de dire non.
 Ils étaient les annonciateurs de la création de l’Etat  d’Israël si longtemps espéré. C’est l’exemple de leur courage qui a guidé les pas des fondateurs de l’Etat d’Israël.
Ce que ces hommes, ces femmes, ces enfants ont subi dans ces ghettos était inhumain. Le ghetto c’était d’abord la faim, cette faim lancinante, ce désir constant de manger, n’importe quoi, cette faim qui détruit l’esprit.
Le ghetto, c’était aussi la maladie, les épidémies.
Le ghetto, c’était l’indifférence des autres,  l’isolement,  le silence du monde.
C’était une immense prison. C’était la souffrance morale d’être abaissé, avili. C’était la perte progressive, inéluctable, des raisons de vivre. La souffrance physique, la faim, c’est momentané. Mais le sentiment  d’avoir été déshonoré, abaissé, cela c’est une souffrance morale qui ne s’efface pas, et qui rend intolérable le discours négationniste.
On les a déshumanisés peu à peu, affamés, ils étaient mûrs pour la mort, mais avec toujours un petit espoir qui aurait pu anéantir les velléités de rébellion.
Et parmi ces combattants tous ces enfants à qui on a volé leur jeunesse, morts sans Bar Mitzvah, sans Houpa, sans descendants.
Mais où étaient ceux qui auraient pu bombarder les rails, les gares, les camps de déportés, où étaient Roosevelt, Churchill, Staline, où étaient les héroïques résistants polonais qui auraient pu fournir des armes ? Certes, il y a eu en Pologne 5.000 Justes Polonais. C’est un chiffre considérable. Nous leur devons une profonde reconnaissance. Mais c’est peu quand on pense aux 3 millions de Juifs polonais, aux 6 millions de martyrs juifs ?
Et comment expliquer que le monde n’ait rien voulu entendre ? Pourquoi les Américains ont-ils été sourds au cri d’angoisse lancé par Karski qui avait réussi à entrer puis à sortir du Ghetto de Varsovie, et qui a essayé, en vain,  de convaincre le monde de l’extermination  qui était en cours ?
Dans cette abomination, les Juifs enfermés dans les ghettos, à mains nues, avec des cocktails Molotov, se sont attaqués au monstre nazi, pour l’honneur, par fierté d’être juifs.
Ils ont marqué la renaissance du peuple juif, le refus de l’anéantissement, le courage de mourir debout. Ces 600 combattants du Ghetto de Varsovie ont été les tout premiers dans cette horrible guerre mondiale à organiser une révolte armée contre l’oppresseur. Ils ont écrit pendant un mois entier l’une des pages les plus héroïques de l’histoire humaine.
L’Etat d’Israël est depuis sa création, et aujourd’hui au moins autant qu’hier,   un refuge pour tous ceux qui se sentent menacés dans leur dignité de Juif.
Et en même temps Israël est menacé par des ennemis, qui rêvent de sa disparition.
Le peuple d’Israël n’a pas d’autre choix que de lutter avec courage et détermination pour sa survie. Il descend directement des héros des ghettos. Nous devons aux uns comme aux autres,  respect, fidélité, et amour, car ils nous ont donné, ils nous donnent  la fierté d’être juifs.