A lire, à voir, à écouter
|
Publié le 17 Février 2015

Les Juifs de France et l'Etat d'Israël (1948-1982), par Ariel Danan (*)

Deux questions traitées parmi bien d'autres : L'État d'Israël peut-il être une réponse à l'antisémitisme ? Comment s'organise l'alyah ?
 

Une recension de Jean-Pierre Allali
C'est un travail véritablement scientifique auquel s'est livré l'auteur. En témoignent, entre autres, les notes abondantes et détaillées en fin de page. On imagine sans peine la somme de recherches qu'un tel ouvrage représente.
Pour « cerner les liens des « Juifs de France » avec Israël », Ariel Danan explore méthodiquement tous les secteurs de la communauté, sionistes, religieux, laïcs ou simples amis d'Israël. Dans ce panorama, le rôle des institutions est, bien entendu, essentiel.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et alors que 75 000 Juifs sont morts en déportation, 320 000 Juifs vivent en France. Privées de leurs dirigeants, les institutions juives sont à reconstruire de fond en comble. Le CRIF prend, au fil des mois, de plus en plus d'importance. Tout au long de son livre, l'auteur ne manque pas, d'ailleurs, de souligner l'action du CRIF devenu par la suite le Conseil Représentatif des Institutions juives de France. Il se penche également sur le parcours du Consistoire central, de l'Alliance Israélite ou encore du Fonds Social Juif Unifié.
La presse juive fait aussi l'objet de cette étude qui se veut la plus exhaustive possible.
Souvenons-nous : le vendredi 14 mai 1948, quelques heures avant la fin du mandat britannique sur la Palestine, David Ben Gourion proclame, au musée de Tel-Aviv l'indépendance de l'État d'Israël. Dans le monde entier, pour les Juifs, c'est la joie et l'allégresse.
En France, de nombreuses manifestations ont lieu, dont la plus importante, au Vélodrome d'Hiver, réunit plus de trente mille personnes.
C'est cette relation charnelle qui se crée, dès lors, entre les Juifs de France et l'État juif que l'auteur analyse avec finesse. Elle évoluera au fil des guerres qu'Israël sera amené à livrer contre des voisins hostiles.
Au fil des ans, la centralité d'Israël dans la vie des Juifs de France se confirme. Deux questions traitées parmi bien d'autres : L'État d'Israël peut-il être une réponse à l'antisémitisme ? Comment s'organise l'alyah ?
Les rapports entre Juifs de France et Israël sont examinés sous tous les angles possibles notamment à travers la question : « Que savent les Juifs de France de la culture israélienne ? ». De son théâtre et de sa musique, de son cinéma, du sport ou de la littérature. Autres sujets abordés : Où va le kibboutz ? Quel avenir pour les sépharades ? Que faut-il penser du tourisme français en direction d'Israël ?
Aucun sujet n'est oublié dans cette étude de qualité.
On regrettera toutefois l'espace-temps choisi pour cette belle étude. En s'arrêtant à 1982, c'est-à-dire il y a 33 ans, que d'événements sont ignorés qui ont modifié de fond en comble la physionomie d'Israël et sa relation avec les Juifs de France ! Mais c'est hélas la loi du genre. L'historien a besoin de recul pour étayer son propos avec sérieux. Un livre à découvrir absolument.
Note :
(*) Éditions Honoré Champion. 2014. 512 pages.
 

CRIF