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Publié le 9 Février 2015

Une délégation du CRIF à l’ambassade d’Argentine à Paris

La délégation a examiné avec ses interlocuteurs ses différentes préoccupations.

Jeudi 5 février, une délégation composée de Yonathan Arfi, vice-président du CRIF, Eve Gani directrice des Relations intenationales du CRIF et Michel Azaria, membre de la Commission internationale du CRIF, s’est entretenue pendant plus d’une heure avec le ministre de l’ambassade d’Argentine Mariano Simon Padros et Madame Rosa Della Gomez Duran, conseiller politique. S. E. Madame Maria del Carmen Squeff, ambassadeur, avait également tenu à se joindre à la discussion au cours de la réunion.
L’Argentine compte aujourd’hui  une population juive (en décroissance suite aux différents départs) d’environ 230 000 personnes, dont 15% de Sépharades, pour une population totale de 42 millions d’habitants.
Au cours de la réunion, de fait, inédite, les diplomates ont présenté l’Argentine comme n’étant évidemment qu’un pays d’immigration où les  origines sont très multiples. D’où le sentiment très fort chez les Argentins que l’attentat antisémite sanglant de 1994  contre l’Amia qui fit 85 victimes était à la fois un attentat contre tous les Argentins et  également un des événements clé des quarante dernières années, tout comme la guerre des Malouines (1982) ou la période de la Dictature (1976-1983) qui, rappelons-le, a fait payer un lourd tribut aux Juifs dont le nombre de victimes est généralement estimé à plus de 1 500.
Concernant la mort en janvier dernier par suicide du procureur Alberto Nisman Z'L qui enquêtait sur l’attentat de 1994 et était sur le point apparemment de déboucher sur des décisions importantes, la délégation du CRIF a noté la réaffirmation de la séparation des pouvoirs comme dans tout pays démocratique et le regret exprimé d’une utilisation jugée politique de la mort du procureur.
D’après nos informations, la communauté juive argentine a une opinion favorable - a priori - envers le futur procureur pressenti pour continuer l’enquête, M. Daniel Rafecas qui, dans un passé encore récent, a fait des déclarations sans ambiguïté sur l’antisémitisme et l’obligation de le combattre.
Les interlocuteurs ont pris bonne note des fortes préoccupations sur le déroulement futur de l’enquête qui, 21 ans après l’odieux attentat, n’est toujours pas officiellement résolue.
Enfin, il faut souligner l’engagement ferme sur le devoir de Mémoire de Madame Dell Carmen Squeff, qui représente l’Argentine à Paris. Madame Vera Jarach, « Mère de la Place de Mai », qui, après avoir connu les persécutions raciales en Italie et immigré en Argentine, avait eu la douleur de perdre pendant la Dictature son unique petite fille,  se rendra lundi au Mémorial de la Shoah de Paris avant de faire une conférence dans la soirée. L’ambassadeur d’Argentine l’accompagnera au Mémorial avec comme objectif une meilleure implantation en Argentine des programmes d’éducation et de sensibilisation sur le modèle de ceux dispensés à Paris.