Tribune
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Publié le 30 Janvier 2015

Aider à lutter contre la radicalisation

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Par Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot, Secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, publié dans la Croix le 30 janvier 2015
Chaque attentat islamiste remet sur la table la question de la responsabilité des élites de la communauté musulmane. Chacun sait qu’il ne faut pas confondre une religion avec les extrémismes qui se réclament d’elle. Mais qui parmi les Musulmans devrait s’excuser pour les horreurs de Boko Haram ou de Charlie Hebdo. Qui devrait porter la responsabilité de dénoncer la radicalisation d’une approche religieuse ? En l’absence de hiérarchie, la question ne se pose sans doute même pas.
Mais le véritable problème n’est-il pas plutôt : comment aider les responsables musulmans à lutter contre la radicalisation ? Le pape François a souligné la nécessité d’une réponse unanime qui, dans le cadre du droit international, arrête le déferlement des violences, rétablisse la concorde et soigne les blessures profondes que la succession des conflits a provoquées (1). À mon avis, il faudrait d’abord les aider à comprendre les processus et les méthodes de la « radicalisation », en sachant que celle-ci frappe aussi bien des familles musulmanes pratiquantes que des familles agnostiques, catholiques ou même juives. Ceux qui cherchent des valeurs authentiques peuvent facilement se tourner vers les milieux radicaux, car ils sont convaincus d’y trouver des réponses plus fiables à leur recherche de la vérité et du sens.
Mais comprendre la radicalisation, c’est d’abord aider à distinguer un fondamentaliste, qui exprime son attitude religieuse par la longueur de sa barbe, d’un radical qui légitime la violence à tous les niveaux. Il s’agit là d’un travail d’éducation sociale qui reste totalement à faire à l’aide d’experts, notamment dans les milieux scolaire et universitaire, mais aussi dans les mosquées par la formation d’imams modérés. Certes, ceux-ci existent déjà, mais ils ont peut-être peur d’être critiqués par leurs communautés et craignent pour cette raison d’exprimer leurs opinions. C’est ce qu’on pourrait appeler un travail d’éducation à la contre-radicalisation. Ce travail peut être rendu beaucoup plus facile si l’on se décide à renforcer ou, le cas échéant, à créer, des groupes de dialogue interreligieux au niveau des communautés locales.
C’est l’éducation des jeunes aux valeurs partagées de la paix et de la convivialité qui doit concentrer les efforts des parents, des familles, des responsables de toutes les communautés religieuses. Cela n’est plus une utopie, mais une nécessité urgente, qui vaut beaucoup plus que tous les systèmes les plus sophistiqués pour lutter contre le terrorisme… Lire l’intégralité.
Notes :
(1) Discours au Corps diplomatique, 12 janvier 2015.