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Publié le 24 Septembre 2014

« Les Services secrets israéliens - Aman, Mossad et Shin Beth : Les meilleurs services du monde ? » Par Éric Denécé et David Elkaïm (*)

À l'heure où les retombées de l'opération Bordure Protectrice continuent de se manifester, où l'on parle de commissions d'enquêtes sur les éventuelles défaillances du Mossad et d'objecteurs de conscience qui refusent les missions qui leur seraient confiées, voici un livre très intéressant qui permet de se faire une idée plus précise sur les différentes branches des services secrets israéliens. On pourra cependant regretter que l'ouvrage soit paru avant la dernière guerre entre Israël et le Hamas. Mais les écrivains ne sont pas des devins.

 

L'Aman, le Mossad et le Shin Beth comme toutes les structures intermédiaires sont présentées dans le détail : leur histoire, leurs fonctions, leurs dirigeants, les opérations qu'elles ont eu à mener. On retrouve des épisodes connus de l'histoire d'Israël comme l'affaire Lavon, le transfert secret des Juifs du Maroc,  le détournement d'un avion d'El Al vers Alger, en 1968, la tragédie des Jeux Olympiques de Munich en 1972, l'assassinat d'Ytshak Rabin,  l'Opération Entebbe, la destruction du réacteur de recherche nucléaire irakien Osirak, l'affaire de l'espion Élie Cohen qui réussit à s'introduire dans la plus hautes sphères du pouvoir syrien, les éliminations ciblées des chefs terroristes, le virus Stuxnet et le cyberpiratage, les cas de Marcus Klinberg et Mordechaï Vanunu, l'arraisonnement du Mavi Marmara... et d'autres moins connus du grand public.

Si, comme l'énonce l'introduction, « Le renseignement est l'assurance-vie de l'État hébreu », les auteurs ne manquent pas de mettre l'accent sur les nombreux ratés, parfois lourds de conséquences pour Israël, de ses services secrets : l'assassinat, à tort, en 1973, à Lillehamer en Norvège d'un serveur marocain pris  pour un leader de Septembre Noir, la tentative d'empoisonnement de Khaled Meshaal à Amman en 1997 ou l'arrestation à Berne, en Suisse, d'agents israéliens qui s'apprêtaient à poser des micros dans la chambre d'un dirigeant palestinien.

Prudents, Éric Denécé et David Elkaïm préfèrent préciser qu'ils sont neutres. Ils proposent, disent-ils, une étude purement technique mais « ce livre ne porte aucun jugement sur le conflit israélo-palestinien parce que tel n'est pas son objet. Il n'est pas un travail de critique-positive ou négative-de l'État hébreu  ou de sa politique ». Fallait-il pour autant, pour étayer cette neutralité, s'obstiner, tout au long des pages, à considérer Tel Aviv comme la capitale d'Israël ? Les auteurs nous parlent des réactions du Caire et de Damas, de Bagdad et de Beyrouth, de Paris et de Washington mais jamais de celles de Jérusalem, capitale d'Israël depuis la naissance du pays. C'est constamment : « Tel Aviv a dit, Tel Aviv a fait, les dirigeants de Tel Aviv »...

Autre chose : à propos d'une attaque terroriste antijuive à Bombay en 2008, Éric Denécé et David Elkaïm évoquent à plusieurs reprises « la secte Chabad ». À notre connaissance, le courant Loubavitch n'est pas une secte mais un mouvement piétiste juif, une branche du judaïsme comme le sont les Orthodoxes, les Libéraux, les Massortis ou les Conservatives (1).

Un glossaire très fouillé permet de se retrouver dans la jungle des termes spécialisés, souvent des acronymes, utilisés dans le livre et, en fin d'ouvrage sont proposés, en annexe, les organigrammes de la communauté israélienne du renseignement.

À découvrir.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Tallandier. Avril 2014. 398 pages. 21,50 euros.

(1) Le mouvement Loubavitch est l'une des composantes du CRIF qui n'a pas, on s'en doute, vocation à accueillir des sectes en son sein.

 

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