Tribune
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Publié le 17 Septembre 2014

Échaudées, les religions défendent le statu quo

Par Jean-Marie Guénois, publié dans le Figaro le 16 septembre 2014

Les religions ne demandent rien. L'Église catholique voit toutes ses grandes fêtes, et leur lendemain à Pâques et Pentecôte, gratifiées d'un jour férié. Quant aux Juifs et aux Musulmans, ils ne bénéficient pas de jours chômés pour leurs fêtes, mais ils n'attendent rien.

«Nous ne souhaitons pas l'attribution d'un jour férié spécifique, explique le rabbin Moché Lewin, directeur exécutif de la Conférence des rabbins européens et proche du grand rabbin de France Haïm Korsia, car nous ne voulons pas qu'une mesure profitant à une communauté minoritaire engage tout le pays. Nous demandons en revanche au cas par cas et selon le calendrier de l'année des facilités pour les dates d'examens notamment de façon à ce qu'ils ne tombent pas un jour de fête religieuse, et cela se passe plutôt bien.»

Même philosophie du côté de l'islam. Mohammed Moussaoui, Président d'honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM) et actuel Président de l'Union des mosquées de France: «L'islam n'est pas demandeur d'une fête religieuse spécifique, car la réglementation en cours suffit. Elle permet à qui le demande de prendre un jour de congé pour raison religieuse.» Il pense toutefois nécessaire de se mettre d'accord sur une prévision unifiée des dates du ramadan au sein de la communauté musulmane de façon «à assurer une organisation programmée des absences éventuelles et éviter l'improvisation dans les entreprises qui nuit inutilement à l'image de l'islam». Il souligne enfin la «forte sensibilité symbolique» d'un tel sujet et ne voit pas quel intérêt la communauté musulmane aurait à réclamer un jour férié spécifique.

Il n'a pas tort. Quand, le 11 décembre 2003, la commission Stasi - de Bernard Stasi alors médiateur de la République - avait remis son fameux rapport sur la laïcité au Président Chirac, la proposition de créer deux nouveaux jours fériés, l'un pour la fête juive de Kippour, l'autre pour la fête musulmane de l'Aïd-el-Kebir, dans toutes les écoles de la République avait soulevé une vague de protestations.

Même levée de boucliers en janvier 2012, quand Éva Joly, alors candidate Europe Écologie-Les Verts à la présidence de la République, avait repris cette idée dans son programme d'un jour férié pour Kippour et pour l'Aïd-el-Kebir… Lire la suite.