Tribune
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Publié le 30 Mai 2014

De Toulouse à Bruxelles: fanatisme et mode opératoire des islamistes

Par Marc Knobel, Directeur des Etudes du CRIF publié dans le Huffington Post le 28 mai 2014

Le 8 juillet 2012, vers 18 h 30, le présentateur de l'émission Sept à Huit, sur TF1, annonce que vont être diffusés à l'antenne les enregistrements de Mohammed Merah, pris juste avant sa mort, alors que le Raid assiège son appartement. C'est la première fois que l'on entend la voix de ce terroriste, une voix calme, assurée, déterminée. 

La stupéfaction le dispute à l'horreur et à la colère face à l'irresponsabilité de la chaîne. Aussitôt, le parquet de Paris lance une enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction. "À ce rythme, ce sont les vidéos des tueries qui se retrouveront sur la Toile et l'atteinte sera alors irrémédiable", s'indigne une avocate des familles, Me Samia Maktouf. Le tueur a filmé ses attentats et a fait parvenir les vidéos à la chaîne qatarie Al-Jazzera.

Sur l'enregistrement, le timbre de voix ne laisse rien paraître: aucune émotion, aucun regret, aucune peur, si ce n'est la seule certitude d'avoir accompli sa "mission". L'homme dit être un agent d'Al-Qaïda. Il affirme avoir été partout pour brouiller les pistes. Mais, ce n'est qu'au Pakistan qu'il a pu entrer en contact avec les terroristes. Là, après une formation, on lui aurait proposé de commettre des attentats en utilisant des bombes. Mais en France, poursuit-il, il est difficile de se procurer certains produits explosifs. Merah demande alors aux terroristes un entraînement spécifique pour apprendre à tirer au pistolet. Pour apprendre à tuer méthodiquement, n'importe quelle cible tant qu'il pourra tuer. De retour en France, Merah continue de brouiller les pistes, égarant les agents du renseignement chargés de le surveiller. Puis il passe à l'action. Il frappe, il assassine méthodiquement, froidement, des militaires. Le hasard, explique-t-il aux hommes du Raid, l'empêche d'atteindre sa prochaine cible. S'il avait pu, il aurait aimé s'attaquer à la synagogue de Bagatelle.

Alors il se rabat sur une école juive: "J'ai repris le scooter et je suis passé comme ça, ce n'était pas prémédité, enfin si, je comptais le faire, t'as vu, mais le matin en me réveillant, ce n'était pas mon objectif." "Au début les frères [les djihadistes pakistanais] m'ont dit de tuer tout, tout ce qui est civil et mécréant, tout: les gays, les homosexuels, ceux qui s'embrassent publiquement [...]. Mais moi, j'avais un message à faire passer [...]. J'ai tué des enfants juifs parce que mes petits frères, mes petites sœurs musulmanes se font tuer. Donc moi, je savais qu'en tuant que des militaires, des Juifs, le message passerait mieux. Parce que si j'avais tué des civils, la population française aurait dit que, euh voilà, c'est un fou d'Al-Qaïda, c'est juste un terroriste, il tue des civils. Même si j'ai le droit, mais le message est différent [...]. Je tue des Juifs en France parce que ces mêmes Juifs-là... euh tuent des innocents en Palestine "… Lire la suite.