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Publié le 22 Mai 2014

« L'Institutrice » : derrière la précocité d'un poète, l'élection d'un peuple

Par Jacques Mandelbaum, publié dans le Monde le 21 mai 2014

Il aura fallu attendre lundi 19 mai 2014 pour découvrir le plus passionnant des six films présentés à Cannes, « L'Institutrice » de Nadav Lapid, dont la Semaine de la critique peut s'enorgueillir, écrit Jacques Mandelbaum. 

Il s'agit de l'histoire d'un enfant de 5 ans, Yoav, qui conçoit précocement et sans la penser comme telle de la poésie, laquelle sort de sa bouche comme une substance miraculeuse. Nira, son institutrice, remarque le don de l'enfant, et se met en tête de faire reconnaître son talent, dans l'environnement hostile à la poésie que constitue a priori une société matérialiste moderne. Il lui faut donc ruser, envers et contre tous, à commencer par l'enfant lui-même, dont le caractère d'étrangeté, loin des charmes attendus du petit prodige, interroge, voire indispose le spectateur.

Une beauté plastique renversante

Délaissant sa propre famille, circonvenant la nounou de l'enfant, affrontant son père, un restaurateur parvenu, trompant les membres du cercle de poésie qu'elle fréquente elle-même, Nira, dont les motivations se troublent à mesure que le film avance, ira très loin, trop loin, pour s'accaparer les pouvoirs de l'enfant. Tourné en plans- séquences très élaborés, baignés d'une lumière pâle, diffusant le mystère de son intrigue dans des plans d'une beauté plastique renversante, L'Institutrice n'est certainement pas un joli plaidoyer pour la reconnaissance de la poésie dans le monde de brutes où nous vivons… Lire la suite.

« L'Institutrice »,film israélien de Nadav Lapid avec Sarit Larry, Avi Shnaidman, Lior Raz. Sortie en salles le 8 octobre.

Sur le Web : www.hautetcourt.com/film/fiche/245/linstitutrice

http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2014/05/21/l-institutrice-derriere-la-precocite-d-un-poete-l-election-d-un-peuple_4422685_766360.html

CRIF