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La question est loin d'être académique. De l'Égypte à la Russie, de la Tunisie à l'Ukraine, nous avons pris l'habitude de grandes manifestations populaires contre l'autoritarisme des régimes en place. Mais aujourd'hui, de la Thaïlande au Zimbabwe, sans oublier bien sûr la Syrie, la légitimité et l'universalité du modèle démocratique sont mises en question.
En Thaïlande, la deuxième puissance économique de l'Asie du Sud-Est, les manifestants expriment avec la plus grande clarté depuis des mois leurs sentiments antidémocratiques. « Les élections peuvent fonctionner bien dans certains pays, mais pas en Thaïlande », disent-ils. « Chez nous, le gouvernement use de la corruption pour remporter les élections. » Certes, comparée à ses voisins vietnamien et cambodgien, la Thaïlande demeure l'un des pays les plus libres de la région et certainement l'un de ceux qui a épousé la démocratie parmi les premiers. Mais, depuis 1932 et la fin de la monarchie absolue, l'histoire politique de la Thaïlande est loin d'avoir été un « long fleuve tranquille ». Le pays a connu 18 coups d'État militaires depuis les années 1930. Et le risque est bien réel de voir à nouveau l'armée reprendre le contrôle de la situation. Comment imposer un compromis à une société si profondément divisée ? Les paysans pauvres du nord du pays sont toujours derrière Mr Thaksin, qui a « acheté » leur soutien en leur donnant l'accès au riz et à une couverture sociale universelle à des tarifs très bas. C'est aujourd'hui sa soeur, Ms Yingluck, qui est au pouvoir. Elle essaye de faire passer des lois d'amnistie pour permettre à son frère de revenir d'un exil doré à Dubaï, où il se trouve pour éviter une condamnation pour corruption et abus de pouvoir. Le cas thaïlandais expose la contradiction qui peut exister entre processus démocratique et retour à l'État de droit. Au nom de la lutte contre la corruption, les élites urbaines dans l'opposition ont cessé de croire au processus électoral… Lire la suite.