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C'est là que les divergences éclatent au grand jour, révélant à la manière d'une caricature grimaçante la nature déliquescente de nos débats démocratiques. Faut-il croire, en effet, qu'on en fait trop, que la presse monte en épingle une vétille d'humoristes dont le cerveau a depuis belle lurette fait relâche, de sportifs au QI d'asticots et de gamins débiles qui ne méritent pas tant d'honneur? La quenelle, ainsi plaide-t-on, n'est qu'un geste de potache dont la signification antisémite n'est pas avérée. À en parler sans cesse et à la une, on ne ferait que renforcer le phénomène. On ferait monter la sauce, alors que, s'agissant d'autres religions, par exemple le catholicisme, on ne fait pas tant d'histoires. Du reste, les juristes sont formels: on ne peut pas interdire un geste en tant que tel, pas même le salut nazi. Seuls le contexte et l'intention avouée ou supposée de son auteur peuvent lui conférer une signification, en l'occurrence l'incitation à la haine raciale, qui tombe sous le coup de la loi et peut dès lors entraîner condamnation. Mais le geste en lui-même est par nature infralinguistique, il ne parle pas, donc il ne suffit pas à justifier un interdit. D'ailleurs, comment le définir? Va-t-on, devant les tribunaux, en indiquer les dimensions au centimètre près, préciser l'angle de la main, du bras?... Lire la suite.