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Comment comprendre ce succès ?
Grâce à une astuce de présentation, ses discours ne relèvent pas de l'expression politique habituelle. À l'abri de la scène, son spectacle joue de la dérision autant que d'une autodérision feinte. Cet acteur de talent met en scène un malheureux noir, barbare par nature, affrontant des blancs détenteurs des attributs de la civilisation. Ce deuxième degré fonctionne à merveille pour énoncer son propos. À l'abri de cette forme d'humour, Dieudonné nomme et dénonce, en mots codés, le vrai pouvoir, la source unique du mal et du malheur des déshérités, des victimes de ce monde cruel. Le pauvre noir, serait même conscient de son statut d'infériorité face à un pouvoir blanc lui même au service d'un super pouvoir caché. Ce super pouvoir caché tirerait dans l'ombre les ficelles du monde. Il commanderait aux puissants qui n'auraient de liberté que celle de le servir et de lui plaire. Ce super pouvoir aurait des antennes locales : le pouvoir sioniste. En Amérique il commanderait cet idiot de Bush ou ce harki d'Obama. En France le CRIF dicterait à Hollande ou pire encore à Sarkozy, la liste de ses menus plaisirs. Le CRIF serait le maître de l'Élysée, convoquerait ministres et serviteurs pour dresser leur bilan, les gronder ou flatter ceux qui l'ont bien servi.
Voilà des années que Dieudonné sème ses graines de haine déjà fertilisées des mêmes ingrédients qui avaient en leur temps fait le succès des Protocoles des Sages de Sion. Ce qui s'épanouit aujourd'hui est le résultat d'une histoire, d'une progression lente, nourrie d'apports divers, de formulations diverses. Dieudonné n'est pas l'unique auteur de la situation présente. Bien au contraire, il en est au contraire l'une des résultantes. Il se trouve à la confluence de courants qui fusionnent aujourd'hui dans ce fleuve répugnant. De quoi Dieudonné est-il le nom ? Reprenons la formule d'un intellectuel distingué qui n'est pas étranger à cette émergence. De Faurisson à Edern Hallier, de Bardèche à Jean Marie Le Pen c'est la même rengaine recuite depuis que l'Okrana, la Gestapo ou bien le Mufti de Jérusalem, Hadj Amin el Husseini, en avaient produit les diverses variantes nazies, staliniennes ou arabes. En Amérique, Nation of Islam et Lewis Farrakhan ont servi la même potion alors que le Ku Klux Klan les avait précédés. Ainsi les esclavagistes et les descendants d'esclaves se sont abreuvés à la même source ! Au fil des ans, les désignations ont muté. Les juifs, pardon les sionistes, pardon les Israéliens, furent accusés de distribuer des bonbons aphrodisiaques pour corrompre la vertu des femmes égyptiennes, d'avoir dressé des requins pour nuire au tourisme sur les côtes du Sinaï, d'avoir fictivement aidé les victimes du tremblement de terre en Haïti (2010) pour mieux prélever des organes sur les blessés ou les cadavres. Tout ceci bien sûr dans projet de commerce lucratif. Faut-il continuer la liste de ces délires ? Ces obsessions inondent les sites internet quand ce ne sont pas les scénarios des programmes télé iraniens ou arabes qui créent des fictions mettant en scène le traditionnel sacrifice d'un enfant non juif pour en prélever le sang destiné à la fabrication de pain azyme. Toute la propagande anti-israélienne visant à démoniser Israël a développé ce type de calomnies moyenâgeuses. Aujourd'hui les procédés se sont modernisés: il s'agit d'attribuer à Israël des crimes identiques à ceux dont les juifs furent victimes. Nazifier Israël en apposant un signe égal entre la Croix Gammée et l'étoile de David en est la dernière figure. De brillants esprits aussi cultivés que progressistes se sont laissés aller à ce type d'assimilation… Lire la suite.