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Publié le 4 Décembre 2013

Conférence de presse de M. Gérard Araud, président du Conseil de sécurité, pour l’ouverture de la présidence française du Conseil de sécurité

Le premier sujet pour nous est la République centrafricaine. Je ne répèterai pas la gravité de la situation humanitaire, les efforts que la France mène depuis des mois, depuis le mois de juin, pour mobiliser la communauté internationale. Nous avons présenté un projet de résolution sur la base du rapport du Secrétaire général. Nous sommes en train de parvenir à un consensus sur le texte après d’intenses négociations. Nous devrions pouvoir adopter le projet de résolution d’ici jeudi. Il y a urgence à agir.

Cette résolution donnera notamment un mandat à la force de l’Union africaine, la MISCA, pour protéger les civils et stabiliser le pays. Elle créera un fond fiduciaire pour recueillir les contributions volontaires pour apporter un appui à la MISCA. Elle autorisera les forces françaises à soutenir la MISCA. Elle demandera au Secrétaire général un rapport d’ici trois mois pour la transformation éventuelle de la MISCA en une opération de maintien de paix des Nations unies si cela se révélait nécessaire à l’examen de la situation sur le terrain. Elle met en place une commission d ‘enquête sur les violations des droits de l’Homme. Elle met en place un embargo sur les armes. Enfin elle met en place un régime de sanctions individuelles.

La résolution devrait être adoptée je pense jeudi matin au plus tard.

Le deuxième sujet est la Syrie. Nous avons eu le briefing de Mme Amos, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, ce matin. Là aussi, nous faisons face à une situation humanitaire tragique, sans doute la plus grave à laquelle le monde doit faire face depuis le génocide rwandais en 1994. Nous travaillons tous sur la base de la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité adoptée il y a quelques semaines. C’est le seul texte que nous ayons.

Mme Amos nous a dit que quelques progrès avaient été accomplis mais qu’ils restaient extrêmement limités et qu’on était loin du compte. L’accès humanitaire est une priorité.

A la fin de la réunion, en tant que Président, j’ai fait une conclusion générale en disant que quelques soient nos divisions politiques, qui sont très fortes et qui subsistent, nous sommes tous d’accord sur la gravité de la situation humanitaire, sur la nécessité de mettre en œuvre la déclaration présidentielle, sur le fait que des progrès ont été accomplis mais qu’ils restent très largement insuffisants et que le Conseil devrait continuer à travailler avec Mme Amos, avec OCHA pour suivre la situation.

OCHA a créé un groupe qui se tient à Genève et qui réunit une vingtaine de pays intéressés. Des priorités ont été sélectionnées. Les membres de ce groupe agiront avec les parties avec lesquelles ils sont en relation pour essayer de progresser sur les domaines sélectionnés.

En ce qui concerne les armes chimiques, Mme Kaag, la Coordonnatrice spéciale de la mission conjointe ONU-OIAC, présentera son rapport demain après-midi. C’est un rapport mensuel qui est prévu par la résolution 2118. La Mission ne dispose que de moyens modestes, elle dépend donc largement des contributions des Etats membres. A cet égard, les Etats-Unis devraient apporter une large contribution puisque la destruction des armes chimiques pourrait avoir lieu sur un navire américain. Les Américains devraient également apporter des capacités de conditionnement sous la forme de containers. Nous sommes très reconnaissants aux Etats-Unis.

Il reste cependant beaucoup d’incertitudes sur la manière dont la destruction doit se passer. Mais le directeur général de l’OIAC - puisque c’est l’OIAC qui est en charge de cette question en première ligne- devrait apporter des précisions le 17 décembre sur la manière dont nous devrions à la fois transporter les composants d’arme chimique à travers la Syrie puis hors de Syrie et ensuite en ce qui concerne leur destruction.

Sur la Syrie également, nous attendons en principe à la mi-décembre le rapport final de la Commission Sellström sur l’usage d’armes chimiques au printemps et à l’été 2013 en Syrie. Lorsque le rapport nous parviendra nous organiserons une séance de consultations sur cette base.

Le troisième sujet est la protection des journalistes. Le 13 décembre nous organiserons conjointement avec le Guatemala une réunion officieuse « Arria » sur la question de la protection des journalistes. Nous le faisons sous le choc de la mort de deux journalistes, Mme Dupont et M. Verlon, le 2 novembre à proximité de Kidal au Mali.

L’Assemblée générale vient d’adopter une résolution sur cette question. A l’initiative de la France, le 2 novembre, jour de la mort des deux journalistes, a été symboliquement déclaré par l’Assemblée générale "Journée internationale pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes". Ceci à la demande expresse de la France.

Avec la réunion que nous prévoyons le 13 décembre, il s’agit pour la France d’impliquer de nouveau le Conseil de sécurité sur cette question. Parmi les panélistes, nous aurons la Procureure de la Cour pénale internationales, Mme Fatou Bensouda, la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Bokova -l’UNESCO joue un rôle important sur cette question- ,le Directeur général de Reporters sans frontières, ainsi que des journalistes.

La rencontre sera entièrement ouverte à la presse, vous êtes bien sûr invités à y participer. La France réfléchit également à l’adoption d’une déclaration à la presse du Conseil de sécurité sur cette question.

La suite sur : http://www.franceonu.org/la-france-a-l-onu/espace-presse/declarations-presse/points-de-presse/article/3-decembre-2013-presentation-du-7638