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Dans la rue, en ce samedi de Toussaint, on croise beaucoup de jeunes femmes comme Mélanie, aux cheveux blonds et aux joues rouges et rondes. Il y a aussi des grands-pères maghrébins, des jeunes encapuchonnés qui font des roues arrière sur leur vélo, une famille africaine en grande tenue qui s’apprête à célébrer un mariage. À la présidentielle de 2012, la ville a voté majoritairement pour le PS, le FN a obtenu 16,5% des voix au premier tour. Pas plus qu’au niveau national. Mais, ici comme ailleurs, le racisme affleure au quotidien. « Quand on lutte pour sa propre survie, chercher un bouc émissaire est un réflexe, analyse la députée PS de la Somme, Pascale Boitard. Et quand l’élite se permet certains propos, l’idée s’installe qu’il y a une forme d’autorisation à dépasser les bornes. »
À croire ce couple de commerçants, dont le stand n’intéresse pas grand monde à la lisière du marché, « les langues se délient depuis un an environ ». Et le patron s’en réjouit. « Oui, je suis raciste! claironne-t-il. La CMU, les aides, tout est fait pour eux. Ils ont tout et nous, on n’a rien. » Impossible de savoir si le « ils » en question désigne les « étrangers » ou les non-Blancs. Le couple n’a pas l’air de faire la différence. La discussion, de toute façon, leur échauffe les oreilles. « Déjà qu’on souffre de tension, ça suffit », coupe la femme. Rideau... Lire la suite.