Tribune
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Publié le 17 Janvier 2005

La presse en folie Revue de la presse du 17 janvier 2005

De l’élection de Mahmoud Abbas aux attentats terroristes des 11 et 13 janvier 2005




Mahmoud Abbas a été officiellement déclaré lundi 11 janvier vainqueur de l'élection présidentielle palestinienne avec 62,32% des suffrages, un résultat qui tourne une page après le décès de Yasser Arafat et pourrait susciter l'espoir de la reprise rapide des pourparlers de paix avec Israël. Le chef de l'OLP Mahmoud Abbas, 69 ans, a obtenu selon la commission électorale 483.039 voix, soit 62,32% des suffrages, devant son principal rival, l'indépendant Moustapha Barghouthi, 51 ans, qui, avec 153.516 voix, a recueilli 19,8% des voix, indique TV5 du 10 janvier 2005. Tayssir Khaled, du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), a recueilli 3,5% des suffrages, Bassam Salhi (parti du peuple) 2,69%, Abdelhalim Al-Ashqar (islamiste indépendant assigné à résidence aux Etats-Unis) 2,68%, Sayyed Barakah (islamiste indépendant) 1,27% et l'indépendant Abdelkarim Choubeir 0,67%, selon la même source.


Plus de 800 observateurs internationaux ont assisté au vote qui s'est déroulé selon toute vraisemblance avec le minimum requis de transparence, insiste le quotidien Le Maroc (10 janvier). Toutefois, Moustapha Barghouti, principal rival de Mahmoud Abbas a dénoncé des irrégularités qu'il a considérées comme étant très graves. Il a demandé d'enquêter sur ces violations. Il s'agit en premier lieu, selon lui, de l'utilisation d'une encre qui pouvait être effacée.


Mahmoud Abbas a dédié sa victoire à Yasser Arafat, ancien président de l'Autorité palestinienne et chef historique de l'OLP, qui est décédé en novembre dernier, rapporte Radio Canada du 10 janvier : « J'offre cette victoire à l'âme de Yasser Arafat et je la dédie à notre peuple, à nos martyrs et aux 11 000 prisonniers [incarcérés en Israël] », a déclaré M. Abbas devant une foule en liesse de sympathisants du Fatah rassemblés à Ramallah, en Cisjordanie.


« Une mission difficile s'annonce pour construire notre État, assurer la sécurité de notre peuple, apporter une bonne vie à notre peuple, donner la liberté à nos prisonniers [...] et atteindre notre objectif d'un État indépendant », a-t-il ajouté. Le président élu de l'Autorité nationale palestinienne (ANP), Mahmoud Abbas, a affirmé lundi avoir l'intention de réactiver les négociations de paix avec Israël, au lendemain de sa victoire écrasante dans l'élection présidentielle ayant eu lieu dimanche dans les territoires palestiniens. « Nous tendons la main de la paix à notre voisin (Israël) et nous souhaitons que sa réponse soit positive », a déclaré M. Abbas lors d'une réception offerte aux observateurs internationaux du scrutin de dimanche. « L'élection n'est que le début, mais pas la fin. Nous avons un programme plein de choses à faire pour réaliser la paix », a-t-il dit.


Réactions palestiniennes :

Le Hamas
a déclaré qu'il pourrait collaborer avec M. Abbas, mais s'est interrogé sur sa légitimité dans les urnes. « Nous respectons le choix du peuple palestinien, mais pour Abou Mazen, avoir obtenu 70 % des voix des électeurs inscrits signifie qu'il a eu le soutien de quelque 35 % des Palestiniens. C'est très faible », a estimé le cheikh Hassan Youssef, dirigeant du Hamas en Cisjordanie. Néanmoins, le chef du Hamas a annoncé lundi 10 janvier 2005 à l'AFP avoir félicité le chef de l'OLP Mahmoud Abbas pour sa victoire. « J'ai appelé le vainqueur Abou Mazen (M. Abbas) et je l'ai félicité pour sa victoire », a déclaré cheikh Hassan Youssef à l'AFP. Khaled al-Batch, porte-parole du Jihad islamique a déclaré quant à lui : « Nous espérons qu'il (Abbas) va s'atteler aux affaires palestiniennes dès demain et relancer les discussions visant à créer une direction nationale palestinienne, sans céder aux pressions d'Israël et des Américains ». (Gaza, déclaration du dimanche 9 décembre rapportée par Le Nouvel Observateur du 10 janvier.)

Les réfugiés palestiniens au Liban ont regardé en spectateurs le scrutin. Certains ne cachent pas leurs craintes de voir le droit au retour galvaudé par Abbas. « Abou Mazen est le père des accords d'Oslo qui prévoyaient de repousser notamment la question des réfugiés à une autre phase des négociations», explique au quotidien La Libre Belgique du 10 janvier, Souhail Natour, représentant du FDLP (Front démocratique de libération de la Palestine), résidant dans les camps de Mar Elias, près de Beyrouth. «Ensuite, l'opposition de Yasser Arafat à sa politique quand Abou Mazen était Premier ministre n'a pas contribué à redorer son blason. Puis, lors du sommet d'Aqaba en juin 2003, Abou Mazen a accepté le principe du caractère juif de l'Etat d'Israël. Sans le lier au droit au retour des réfugiés. De quoi choquer les réfugiés ».


Reste qu'aujourd'hui, à Ain el Héloué, le plus grand camp de réfugiés du Liban, beaucoup disent soutenir Mahmoud Abbas. A commencer par le secrétaire de l'OLP, Khalil Arif. «Le 1er janvier, Abou Mazen nous a appelé pour réaffirmer son attachement au droit au retour», souligne-t-il. Quelques semaines plus tôt, le nouveau leader palestinien avait effectué une visite historique en Syrie et au Liban. La première d'un haut responsable palestinien depuis des années, étant données les relations exécrables entretenues par Arafat et ces deux pays. «Cette visite a marqué un tournant», explique Brahim Chadid, responsable de l'information pour le Fatah dans ce camp.


De fait, de nombreux réfugiés apportent leur soutien au candidat du Fatah, rapporte La Libre Belgique. « Abou Mazen est venu à Ain el Héloué, c'est la preuve qu'il ne nous a pas oubliés», assure Aziz Osman, 31 ans, pharmacien. « Abou Mazen a été choisi pour succéder à Arafat, alors nous le soutenons », explique pour sa part Brahim, un garagiste de 40 ans. « Tout dirigeant palestinien qui a de l'honneur ne peut oublier la promesse faite par Arafat au peuple et aux réfugiés palestiniens », renchérit Ahmad, 20 ans, qui ne cache pas son amertume de ne pas pouvoir participer à ce scrutin.


Les défis du nouveau Président de l’Autorité palestinienne :

Pour Djibril Radjoub, l’un des responsables des services de sécurité palestiniens, Abbas, en cas d’accession à la présidence, va devoir immédiatement relever trois défis, rapporte le quotidien L’Humanité du 10 janvier : « Parvenir à un accord avec le Hamas et les autres organisations sur une position unifiée, mettre fin au chaos et réorganiser le Fatah pour le rendre plus démocratique. » Ce sont effectivement des conditions essentielles pour que le mouvement palestinien s’unifie réellement et puisse s’engager sur une voie permettant de mettre fin à l’occupation. Ce qui suppose néanmoins une reprise de confiance entre l’Autorité palestinienne et la population, mais également une pression importante de la communauté internationale pour forcer Israël à tenir les engagements qui sont les siens au regard de la « feuille de route ».

Le ministre palestinien du Travail Ghasan al-Khatib a indiqué aux journalistes dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, que le nouveau président ferait face à deux défis : mettre fin à la situation intérieure palestinienne troublée et reprendre les négociations de paix avec Israël, rapporte Radio Chine Internationale du 10 janvier.


Réactions de quelques pays arabes et de pays musulmans:

Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa a salué lundi la victoire écrasante du chef de l'OLP Mahmoud Abbas à l'élection présidentielle palestinienne de dimanche. M. Moussa, cité par l'agence de presse Mena, a indiqué que cette élection avait prouvé que les Palestiniens disposaient d'institutions capables de mener à un processus démocratique.


L’agence Internet marocaine, Menara rapporte que le Souverain du Maroc, Mohammed VI, a exprimé au Président élu de l'Autorité Nationale palestinienne le soutien total du Maroc en vue du « recouvrement de tous les droits légitimes du peuple palestinien ». SM le Roi a adressé à cette occasion un message de félicitations à M. Abou Mazen. Le Roi exprime ses « sincères félicitations » et « ses meilleurs souhaits de succès et de réussite dans la conduite du peuple palestinien frère vers la réalisation de ses aspirations légitimes à l'établissement de son Etat indépendant avec pour capitale Al Qods Acharif. » Il salue « hautement l'esprit de responsabilité et la ténacité démontrés par le peuple palestinien frère, ainsi que la prise de conscience profonde du caractère décisif des défis de la phase actuelle dont il a fait preuve, en dépit des conditions difficiles de l'occupation, pour poursuivre sa lutte pacifique menée sans relâche afin de se libérer de ses chaînes et d'établir l'Etat des institutions, confirmant de nouveau au monde entier son attachement à la voie civilisationnelle de la démocratie avec ce qu'elle signifie comme gouvernance du peuple par le peuple et tout ce qu'elle englobe comme fidélité aux valeurs suprêmes de liberté, de justice, de coexistence, de tolérance, de paix et de dialogue, en vue de recouvrer ses droits et ses territoires spoliés et favoriser la renaissance et la reprise de l'opération de Paix. »


Le Bahreïn et le Qatar ont salué lundi l'élection de Mahmoud Abbas (Abou Mazen) à la tête de l'Autorité palestinienne, exprimant l'espoir qu'elle favorisera la reprise des négociations de paix avec Israël. Le Président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a félicité lundi 10 janvier le nouveau Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, « pour la haute confiance » placée en sa personne par les électeurs palestiniens en vue de répondre à leur aspiration à la création d'un Etat indépendant. Dans un message adressé à Abbas à la suite de sa victoire à l'élection de dimanche, Ben Ali a assuré le successeur de Yasser Arafat du « soutien constant de la Tunisie à la juste cause palestinienne, rapporte le Jérusalem Post du 11 janvier 2005.


Il a exprimé son entière disposition à coopérer avec lui "afin de permettre au peuple palestinien de recouvrer l'intégralité de ses droits légitimes, de manière à consacrer la sécurité, la stabilité et le développement dans la région". Le Pakistan a salué lundi l'élection de Mahmoud Abbas à la présidence de l'Autorité palestinienne. « L'élection de Mahmoud Abbas est une démonstration de la confiance du peuple palestinien dans sa capacité à diriger et dans sa vie de lutte pour la cause palestinienne », a indiqué le porte- parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Masood Khan, lors d'une conférence de presse hebdomadaire.



Les réactions israéliennes :

Israël considère que Mahmoud Abbas est un pragmatique estime le quotidien Libération du 8 janvier 2005. Sa dénonciation, jusque devant des foules palestiniennes au cours de sa campagne, y compris à Gaza, de la «militarisation de l'Intifada» et des tirs de roquettes Qassam contre le territoire israélien, aurait été appréciée, même si, dans l'effervescence électorale, le candidat officiel du Fatah a repris une grande partie de la rhétorique du défunt raïs.


Dès l'annonce des résultats de l'élection palestinienne hier, un haut responsable israélien a exprimé, sous le couvert de l'anonymat, l'espoir qu'« en élisant Abou Mazen, les Palestiniens ont ouvert une ère de paix et qu'ils s'engagent sur la voie du compromis et du dialogue », rapporte Le Figaro du 10 janvier 2005. En maintes occasions, Mahmoud Abbas a fait entendre sa différence en appelant à la fin de la lutte armée, rappelle Le Figaro. Le premier ministre israélien, M. Ariel Sharon, a affirmé qu'il est prêt à rencontrer « le plus tôt possible » le nouveau président palestinien, toujours selon un haut responsable israélien sous couvert d'anonymat, qui a souligné qu'une telle rencontre « porterait avant tout sur les questions sécuritaires et sur la coordination sécuritaire entre Israël et l'Autorité palestinienne », en vue du retrait israélien de la bande de Gaza et de quatre colonies du nord de la Cisjordanie. En effet, les responsables israéliens ont d'ores et déjà préparé une liste des mesures que Mahmoud Abbas devrait imposer pour faire ses « preuves ».

Le numéro deux du cabinet israélien Shimon Peres a félicité lundi (lors d'un entretien téléphonique) le chef de l'OLP Mahmoud Abbas pour sa victoire à l'élection présidentielle palestinienne de dimanche, rapporte l'agence officielle palestinienne Wafa. Dans une interview à la radio militaire israélienne, M. Peres, a estimé que l'élection palestinienne marquait « le début d'un nouveau processus ».

« Un nouveau processus va commencer. Un important changement est intervenu, et j'espère que la nouvelle direction palestinienne est le reflet d'un changement dans la rue palestinienne », a déclaré M. Peres.

« M. Abbas sera un partenaire intransigeant, mais c'est un homme sage, expérimenté et modéré (...) Il a été choisi par l'écrasante majorité des Palestiniens, et nous devons lui donner la possibilité de réussir », a-t-il poursuivi.


Benjamin Netanyahu, ministre israélien des Finances a déclaré que « La direction palestinienne devra faire preuve de courage. Elle doit renoncer au droit au retour (en Israël) des réfugiés palestiniens et au rêve de destruction d'Israël ». « La direction palestinienne doit aussi cesser d'être corrompue et démanteler les organisations terroristes ».


Benjamin Netanyahu s'est déclaré « prêt à donner une chance à la nouvelle direction palestinienne » et a préconisé que des pressions soient exercées par Israël et les Etats-Unis « afin que cesse l'empoisonnement moral des Palestiniens, les incitations à la haine d'Israël jusqu'ici cultivés par la direction palestinienne ». « Nous voulons que les choses soient claires et que cette direction en finisse avec l'héritage de mort de Yasser Arafat ». (Jérusalem, déclaration du lundi 10 janvier rapportée par Le Nouvel Observateur du 10.01).


Le ton de la presse israélienne est franchement dithyrambique estime La Croix (10 janvier). « Abbas a été porté au pouvoir par un raz-de-marée. Il y a avec qui parler », écrit le quotidien à grand tirage Yédiot Aharonot en mettant en relief que « le nouveau président a appelé à stopper le terrorisme » et qu'Ariel Sharon doit bientôt l'appeler pour lui proposer une rencontre « peut-être la semaine prochaine ».


En fin de journée, lundi, la Knesset (parlement israélien) a approuvé un nouveau gouvernement de coalition dirigé par le Premier ministre Ariel Sharon, que celui-ci espère former pour faire passer son plan de retrait de Gaza.


Selon le décompte officiel, les députés ont voté par 58 voix contre 56 en faveur de l'alliance entre le parti Likoud de M. Sharon, le parti d'opposition Travailliste, et une petite faction religieuse, le Judaïsme unifié de la Torah.

Le nouveau gouvernement, qui donne à M. Sharon la majorité parlementaire, a prêté serment juste après le vote.

Avec 66 des 120 sièges au parlement, le nouveau gouvernement compte huit ministres travaillistes, dont le dirigeant du parti, Shimon Perès, qui devient second vice-Premier ministre, et Ofir Pines, dirigeant de la jeune garde des travaillistes, qui devient ministre de l'Intérieur.

Le Judaïsme unifié de la Torah, qui compte cinq députés, a accepté de rejoindre la coalition sans recevoir de portefeuille.


Réactions françaises :

Le président de la République, Jacques Chirac
, a félicité lundi Mahmoud Abbas, qui a gagné l'élection présidentielle palestinienne, soulignant qu'il lui revenait d'engager la Palestine dans la voie de la paix avec Israël. M. Chirac assure également Mahmoud Abbas du soutien de la France et de l'Union européenne pour parvenir à une solution pacifique au conflit du Proche orient.


Le président de la République indique que le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier, qui se rendra dans la région « dans les prochaines semaines », lui rendra visite porteur d'un message de sa part et il l'invite à venir « dès que possible à Paris ».


« Il vous revient aujourd'hui d'engager la Palestine dans la voie de la paix avec Israël », a dit M. Chirac dans un message au nouveau président de l'Autorité palestinienne rendu public par l'Elysée. « Vous représentez, pour tous les Palestiniens, un espoir de règlement fondé sur le dialogue et la justice. Je suis convaincu que tous vos concitoyens, mais aussi les autres peuples de la région, pourront compter sur votre légitimité et votre expérience pour peser dans le sens de la sagesse et de l'ouverture ». « Confortées par le nouvel élan dont votre élection est porteuse, la France et l'Union européenne seront, plus que jamais, à vos côtés. Comme vous, nous sommes engagés dans la recherche d'une solution pacifique au conflit du Proche-Orient », souligne le président français.


« Nous savons que cette solution passe par l'avènement d'un Etat palestinien viable et démocratique, vivant en paix en sécurité avec l'Etat d'Israël. Nous sommes déterminés à vous apporter tout notre soutien dans les actions que vous entreprendrez pour atteindre cet objectif », a déclaré Jacques Chirac.


Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères français estime, dans une interview au Parisien/Aujourd'hui, daté du lundi 10 décembre, que l'organisation de ce scrutin « est une preuve de responsabilité que les Palestiniens viennent d'apporter ». « C'est une victoire pour la démocratie, une première victoire pour la paix ». « Il va maintenant y avoir des législatives, puis des municipales, il faudra les préparer avec le même soin pour que les responsables palestiniens aient toutes les dimensions de la légitimité, et que la nouvelle Autorité puisse reprendre le dialogue politique avec Israël car nous avons le ferme espoir de faire de 2005 l'année de la paix entre Israéliens et Palestiniens ». Selon le ministre, le premier défi de Mahmoud Abbas, « ce sera de réorganiser les services de l'autorité palestinienne comme Yasser Arafat avait promis de le faire, afin d'accroître les garanties de sécurité pour les Palestiniens comme pour Israël ». « Il faudra aussi préparer les conditions de la réussite du retrait israélien de Gaza ». Michel Rocard, chef de la délégation des observateurs européens pour les élections palestiniennes, déclare sur RFI (10 janvier) que « Mahmoud Abbas a la responsabilité des premiers pas dans la gestion interne de l'Autorité palestinienne et de la reprise en main des services (...) En matière de négociation internationale, le premier pas appartient à Israël ». Le nouveau président de l'Autorité palestinienne a « une longue expérience du pouvoir, de la clandestinité, de la lutte, des négociations, de la direction effective de l'Autorité palestinienne ». « C'est un homme expérimenté, sérieux, mesuré, pondéré ».

Edouard Balladur, président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale estime dans une déclaration faite sur LCI le lundi 10 janvier que « Les élections ont donné le pouvoir à un homme qui est présenté, qui passe et qui, je l'espère, est modéré ». Après ce scrutin, « il y a quelques semaines, un espace très bref, une chance à saisir, un moment de grâce, pour tenter de résoudre le plus vite possible le conflit entre Israël et la Palestine ». Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français estime dans un communiqué que « L'Autorité et les institutions palestiniennes sortent incontestablement renforcées du scrutin pour aborder les échéances prochaines. » Mme Buffet se réjouit qu’ «en dépit des difficultés imposées par l'occupation, le peuple palestinien a exprimé avec force et une grande maturité sa profonde aspiration à la paix et à la démocratie ». (Paris, communiqué du lundi 10 janvier). Le Parti socialiste a « salué » lundi l'élection au suffrage universel direct du chef de l'OLP Mahmoud Abbas à la présidence de l'Autorité palestinienne, formulant le voeu que « la voie des accords d'Oslo soit retrouvée ».

La porte-parole du parti socialiste, Annick Lepetit, a voulu lors du point de presse hebdomadaire « saluer le bon déroulement » du scrutin et « la victoire de Mahmoud Abbas, même si elle était attendue ». Mme Lepetit a souligné « la mobilisation importante » des électeurs, estimant que la campagne et la consultation proprement dites constituaient « un exemple de démocratie, sur l'ensemble des territoires palestiniens, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie ». Elle a rendu hommage « au travail qu'a déployé au nom de l'Union européenne » l'ex-Premier ministre socialiste Michel Rocard, qui dirigeait le corps des observateurs européens.


Autres réactions :
A Washington, le président américain George W. Bush a parlé de « jour historique pour le peuple palestinien », estimant que l'élection marquait une première étape vers la création d'un Etat palestinien. « Les Etats-Unis se tiennent prêts à aider le peuple palestinien à réaliser ses aspirations », a-t-il ajouté. Quelques instants plus tard, George W. Bush s'est affirmé prêt lundi à recevoir le nouveau président palestinien Mahmoud Abbas à Washington et a clairement mis en parallèle l'élection palestinienne avec celle qui doit se tenir en Irak le 30 janvier. « J'offre mes félicitations à Abou Mazen (Mahmoud Abbas). Je serais heureux de l'accueillir ici à Washington s'il décide de venir », a déclaré M. Bush dans des déclarations à la presse dans son bureau ovale de la Maison Blanche. Il a ensuite réitéré cette invitation lors d'un entretien téléphonique avec le nouveau président palestinien. Celui-ci a répondu qu'il serait heureux d'y répondre, selon la Maison Blanche (AFP, 11 janvier).

Le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan a salué lundi l'élection du nouveau président palestinien, la qualifiant de "pas significatif dans ce qui est une transition démocratique historique" dans les territoires palestiniens occupés.

L'élection palestinienne marque un « pas très important » vers la création d'un Etat palestinien viable et démocratique, a déclaré pour sa part le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso. Le scrutin, dont l'organisation a été soutenue financièrement et matériellement par l'UE, « est un pas très important vers la création d'un Etat palestinien viable et démocratique », a affirmé M. Barroso à Luxembourg, à l'issue d'une rencontre entre la Commission et le gouvernement luxembourgeois, qui vient de prendre la présidence tournante de l'UE. « Toutes les parties concernées doivent maintenant oeuvrer ensemble pour assurer la paix dans la région », a déclaré M. Barroso. « Je comprends d'ailleurs que M. Abbas et son homologue israélien ont indiqué qu'ils étaient prêts à se rencontrer rapidement, ce qui semble encourageant », a-t-il ajouté.

Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw a « chaleureusement félicité » lundi Mahmoud Abbas pour son élection à la présidence palestinienne, estimant que les Palestiniens avaient montré en votant leur « engagement en faveur de la démocratie ». Lors d'une conférence de presse avec son homologue indonésien Hasan Wirayuda, M. Straw a déclaré qu'il souhaitait « chaleureusement féliciter Mahmoud Abbas pour son élection comme nouveau président de l'Autorité palestinienne. » « Le peuple palestinien a déjà montré son engagement en faveur de la démocratie », a ajouté le ministre britannique (AFP). Tony Blair a également félicité lundi le nouveau dirigeant palestinien lui souhaitant «tous les succès dans ce poste». Le Premier ministre britannique l'a assuré de son soutien «notamment en organisant la conférence de Londres début mars», une conférence internationale sur les réformes palestiniennes mais à laquelle Israël ne participera pas.


Le président russe Vladimir Poutine a félicité lundi Mahmoud Abbas pour son élection à la tête de l'Autorité palestinienne, se disant certain que celle-ci allait permettre la création d'un Etat palestinien indépendant. « Je suis certain que votre riche expérience politique va vous permettre de remplir avec efficacité la haute mission que vous a confiée le peuple palestinien, (celle de) créer son propre Etat indépendant, voisinant dans la paix et la sécurité avec Israël », écrit M. Poutine dans un message à M. Abbas, rendu public par le Kremlin.


Se disant « prêt à la plus étroite coopération pour le renforcement de la traditionnelle amitié russo-palestinienne », M. Poutine invite Mahmoud Abbas à venir en visite officielle à Moscou, selon ce message transmis par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Saltanov. La Chine se félicite de l'élection présidentielle réussie en Palestine, a déclaré, lundi à Pékin, le porte-parole du Ministère chinois des Affaires étrangères Kong Quan, rapporte l’agence chinoise Xinhua. « La Chine respecte le choix des Palestiniens et souhaite sincèrement que la nouvelle direction puisse conduire le peuple palestinien à atteindre leur but de création de son propre pays », a ajouté Kong.


Jean Paul II a salué lundi les « signes encourageants » enregistrés au Proche Orient et en Afrique et a invité les dirigeants du monde entier a affronter en 2005 les « défis de la vie, du pain, de la paix et de la liberté » lors de ses voeux au corps diplomatique (170 ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège). Le Pape a affirmé que « les signes encourageants ne manquent pas, démontrant comment peut être relevé le grand défi de la paix ». « Il en va ainsi au Moyen Orient (...) où la cruelle confrontation des armes paraît s'apaiser et où semble s'ouvrir une issue politique vers le dialogue et la négociation », a-t-il précisé.

Le pape n'a cependant pas mentionné l'élection de Mahmoud Abbas à la présidence de l'Autorité palestinienne, accueillie avec satisfaction par l'Eglise catholique, a indiqué lundi l'agence catholique Asia News.


Les attentats terroristes reprennent :

Le mardi 11 janvier
, une roquette artisanale de type Qassam s'abat sur le territoire israélien sans faire de victimes, rapporte La Libre Belgique. Tiré par des Palestiniens à partir de la bande de Gaza, l'engin est tombé aux abords de la ville de Sdérot, dans le désert du Néguev (sud), dont les habitants ont pu se mettre à couvert grâce à un système de pré-alerte. Une maison d'habitation a été touchée de plein fouet, et des dégâts importants ont été constatés. Toujours de même source, deux obus de mortier ont par ailleurs été tirés mardi matin contre le secteur du Goush Katif, une implantation juive dans la bande de Gaza, où une maison a été endommagée.


Fabriquées par les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du mouvement islamiste radical Hamas, les Qassam sont des engins imprécis pouvant emporter une charge explosive de 5 kg sur une distance d'environ dix kilomètres. Quatre personnes dont deux enfants ont été tuées ces derniers mois par ces roquettes à Sdérot.


Le jeudi 13 janvier une attaque suicide a tué six Israéliens au point de passage de Karni. Le lendemain, l’Autorité palestinienne a appelé à un cessez-le-feu entre Israël et les Palestiniens mais elle s’est abstenue de condamner l'attentat, le plus meurtrier depuis l'élection dimanche dernier de Mahmoud Abbas à la présidence palestinienne. Les six Israéliens tués, âgés de 30 à 50 ans, sont des civils employés par un entrepreneur. En représailles, rapporte l’agence Reuters (14 janvier) des hélicoptères israéliens ont tiré des missiles sur un poste médical d'un camp de réfugiés de la bande de Gaza, géré par une organisation caritative liée aux activistes. Un passant a été blessé.

Le ministre israélien des Transports, Meir Sheetrit, rapporte Libération du 14 janvier 2005, a fait savoir vendredi sur les ondes de la radio israélienne que le point de passage de Karni resterait fermé jusqu'à nouvel ordre.
Avant l'attaque de Karni, Nabil Shaath, ministre palestinien des Affaires étrangères, a prédit que le gouvernement israélien finirait par traiter Abbas, alias Abou Mazen, comme il traitait Arafat rapporte Reuters. Finalement, le dimanche 16 janvier, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a appelé dimanche à un arrêt des attaques armées contre Israël, qui de son côté a sommé les Palestiniens d'agir « contre le terrorisme ».


Mais la direction palestinienne espère persuader les groupes armés de renoncer par eux mêmes à ces opérations dans le cadre d'un cessez-le-feu mutuel, alors qu'Israël exige leur désarmement.


De son côté, Ariel Sharon a annoncé que les troupes avaient pour consigne d'opérer « par tous les moyens » contre « les organisations terroristes » dans la bande de Gaza, après la poursuite de tirs de roquettes contre le territoire israélien. « La situation actuelle est inacceptable et ne peut pas durer. L'armée et les forces de sécurité ont reçu ordre d'opérer sans limitation de temps et par tous les moyens contre les organisations terroristes », a affirmé M. Sharon dimanche lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement.


Lundi matin (17 janvier), deux roquettes de type Qassam tirées à partir de la bande de Gaza se sont abattues en territoire israélien sans faire de victime, a-t-on appris de source militaire. Une roquette est tombée dans un secteur situé au nord de la bande de Gaza, et la seconde plus au sud, sur Sdérot.


« Ces consignes sont valables tant que les Palestiniens ne lèveront pas le petit doigt, et, malheureusement, la nouvelle direction palestinienne n'a pas encore fait quoi que ce soit pour que le terrorisme cesse », a ajouté Ariel Sharon. Selon des responsables militaires cités par la télévision publique, l'armée n'envisage pas pour l'heure une opération massive dans la bande de Gaza, avec réoccupation prolongée du terrain. Mais le gouvernement israélien a donné carte blanche à ses généraux pour intervenir.


Lundi, un haut responsable israélien cité par l'AFP affirme qu'il n'y aura pas de "période de grâce" pour le président de l'Autorité palestinienne. « Abbas doit lutter contre le terrorisme et déployer ses forces pour essayer de stopper les tirs de roquettes Qassam et d'obus de mortiers. Israël ne lui octroie pas une période de grâce à cet effet », a déclaré ce haut responsable à la présidence du conseil à Jérusalem sous le couvert de l'anonymat. « Nos forces vont continuer d'opérer jour et nuit, sans limite de temps, pour tenter de stopper ces tirs. Abbas doit passer aux actes et ne peut pas se contenter de mots : il doit déployer les forces dont il dispose pour empêcher les tirs de Qassam et d'obus de mortiers », a-t-il ajouté.


La conclusion provisoire de cette revue de presse revient peut-être à une lectrice du Figaro (17 janvier) : « Le monde entier a les yeux fixés sur le nouveau président palestinien qui va avoir du pain sur la planche pour ramener la paix au Proche-Orient. Il devra encore faire face à des extrémistes palestiniens et israéliens, dont les sempiternelles revendications haineuses amènent trop souvent à des attentats, à des morts inutiles, à la violence gratuite. Patiente et diplomatie suffiront-elles à ramener la paix ? Serait-ce une utopie que d’y croire. L’avenir nous le dira… »


Marc Knobel