Tribune
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Publié le 15 Octobre 2013

La Turquie accusée de laisser entrer des combattants extrémistes en Syrie

Par Grégoire Fleurot

 

Dans un  rapport détaillé publié vendredi 11 octobre 2013, l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch affirme que «des groupes armés d'opposition en Syrie ont tué au moins 190 civils et en ont pris plus de 200 en otage» le 4 août dernier lors d’une opération visant des villages alaouites pro-gouvernementaux.

Mais surtout, l’organisation pointe du doigt la Turquie, et cite des travailleurs humanitaires de la région qui affirment que «les combattants étrangers qui pénètrent dans le gouvernorat de Latakia le font presque exclusivement depuis la Turquie, arrivant même en avion à l’aéroport d’Hatay [à Antioche, près de la frontière syrienne] où ils sont récupérés par d’autres combattants étrangers et des facilitateurs».

 

L’ONG écrit dans un communiqué: «Selon des responsables des services de sécurité syriens, des informations de presse, des diplomates occidentaux et selon les observations faites par des journalistes et des employés des organisations humanitaires, les combattants étrangers appartenant à ces groupes entrent en Syrie par la Turquie, d'où ils introduisent également des armes, de l'argent et d'autres équipements, et où ils se replient pour recevoir des soins médicaux.

 

La Turquie devrait intensifier ses patrouilles le long de la frontière et empêcher le passage en Syrie de combattants et d'armements destinés à des groupes qui ont été accusés de manière crédible de violations systématiques des droits humains. La Turquie devrait aussi soumettre à une enquête et poursuivre en justice, selon le principe de la compétence universelle et en conformité avec ses propres lois, quiconque en Turquie est soupçonné d'avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, d'en avoir été complice, ou d'avoir eu une responsabilité de commandement dans leur commission.

 

Le Conseil de sécurité de l'ONU et les alliés de la Turquie devraient appeler tout particulièrement celle-ci à faire davantage pour vérifier qu'aucune arme ne transite par la Turquie pour être livrée à des groupes qui commettent des abus, a souligné Human Rights Watch.»

 

Lors d’une rencontre à Paris au mois de septembre, Peter Bouckaert, directeur des urgences de l’ONG, nous avait déjà confié que, selon lui, la mesure la plus importante que pourrait prendre la communauté internationale pour s’occuper du problème des éléments extrémistes était de renforcer les patrouilles à la frontière turque: «La plupart des éléments extrémistes entrent en Syrie via la Turquie. Quand des combattants tchétchènes barbus arrivent à l’aéroport d’Istanbul et rentrent de manière officielle en Syrie pour rejoindre des groupes extrémistes, c’est un problème.»

 

Le ministère des Affaires étrangères turc n’a pas caché sa colère face à ces accusations «inacceptables». Un diplomate a déclaré au journal Today’s Zaman: «Personne ne peut faire pression sur la Turquie. La Turquie porte la responsabilité des réfugiés syriens et des problèmes de frontière sur ses épaules dans le soutien de la communauté internationale.»