Tribune
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Publié le 3 Octobre 2013

Grèce : Aube dorée échappe à ses censeurs

Par Alexia Kefalas

 

Après leur spectaculaire arrestation, trois des quatre députés du parti néonazi, accusés d'avoir participé à une organisation criminelle, ont été relâchés.

 

Le parti ultranationaliste grec Aube dorée sortira-t-il renforcé, après l'arrestation de six de ses députés? La décision du juge d'instruction est, pour le moins, surprenante. Après une arrestation spectaculaire et quatorze heures d'audition, quatre députés du parti ont été inculpés pour «constitution et participation à une organisation criminelle». Or trois d'entre eux ont été relâchés, certes, en liberté conditionnelle avec interdiction de quitter le territoire, mais libres, jusqu'à la tenue du procès.

Pour l'instant, seul Yannis Lagos, député du Pirée, a été placé en détention provisoire. Accusé aussi de proxéné­tisme, il aurait un lien direct avec ­Giorgos Roupakias, l'assassin de Pavlos Fyssas, le rappeur activiste de 34 ans.

 

«Le juge d'instruction base sa décision sur le fait que ces accusés ne sont pas susceptibles de commettre le même crime ou de fuir. C'est aberrant», s'insurge Yannis Prétenderis, analyste politique. «À présent ils sont incontrôlables et vont héroïser leur chef», précise-t-il.

 

Mercredi, c'était justement au tour de Nikos Mihaloliakos, le cerveau du parti, de se retrouver devant le juge d'instruction. À 56 ans, celui que la presse surnomme «le führer grec» aurait commandité l'assassinat du rappeur. Il aurait de fortes chances d'être emprisonné provisoirement.

 

Contre-attaque virulente

 

Aujourd'hui, il y a comme un malaise aussi bien dans les rangs du gouver­nement que dans les couloirs du ­Parlement. Jeudi, à midi, le groupe ­parlementaire d'Aube dorée prévoit de se réunir, en promettant une contre-attaque virulente. «Le gouvernement s'est empressé d'agir vite et de faire passer une loi pour interrompre le financement d'Aube dorée, au lieu de rassembler des éléments à charge. Maintenant, il est dans l'impasse», déplore Panos Skourletis, député du Syriza, opposition de gauche.

 

Toute la classe politique craint un retour en force du parti ultranationaliste, qui a réussi à surfer sur la désespérance des Grecs et l'explosion du taux de chômage pour percer dans les sondages et devenir la troisième formation politique. Des problèmes économiques loin d'être réglés, alors que d'autres mesures d'austérité sont annoncées.