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La démocratie est l'aspiration de tous. Mais chacun a pu mesurer combien il était plus facile de s'en servir pour prendre le pouvoir que pour exercer une autorité reconnue, dans l'intérêt général d'un pays comme l'Égypte. Elle reste l'objectif que doivent partager la majorité des forces politiques, qu'elles soient laïques ou d'inspiration religieuse.
La priorité est d'éviter la violence dans les deux camps. Autant la répression sanglante des partisans de Morsi, lundi matin devant le quartier général de la Garde républicaine, doit donner lieu à une enquête, autant les appels islamistes à l'insurrection doivent être condamnés. Le risque majeur est de voir le pays sombrer dans la guerre civile, comme l'Algérie, en 1992, après le premier tour des législatives. Compte tenu de la situation régionale déjà très dégradée, ce serait l'ensemble du monde arabe qui serait aux prises avec un conflit interne fratricide, une nouvelle guerre de religions.
L'armée et les Frères musulmans partagent une lourde responsabilité dans le déroulement des événements. Entre les deux institutions les mieux organisées du pays, la cohabitation n'a jamais été aisée, ni sous Moubarak, ni sous Morsi. L'Égypte nouvelle ne peut appartenir seulement aux militaires, ou bien seulement aux islamistes, mais à tous les Égyptiens. Avant qu'il ne soit trop tard, un nouveau pacte doit être trouvé pour garantir le développement d'un pays moderne, sans exclusions, et dans l'unité la plus large possible.
Bâtie depuis des siècles avec le Nil pour colonne vertébrale, l'Égypte a la chance de disposer d'une conscience nationale aiguë. Le moment est venu où l'intérêt général du pays doit s'imposer aux calculs partisans.