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Désignée comme une "aide à la concentration" et conditionnée sous le nom de Pervitin, les soldats consommaient régulièrement cette drogue dure pour garder le moral malgré les terribles conditions du front.
L'usage généralisé de cette drogue est confirmé dans des lettres écrites par le Prix Nobel Heinrich Böll à sa famille, et publiées par le journal Der Spiegel dimanche.
Les supplications de Böll à sa famille prouvent clairement le caractère très addictif de la méthamphétamine.
Le 9 novembre 1939, alors que Böll est stationné en Pologne, il écrit à ses parents: "C'est dur ici, et j'espère que vous comprendrez si je ne peux vous écrire qu'une fois tous les deux ou quatre jours dans les temps à venir. Aujourd'hui, je vous écris surtout pour vous demander du Pervitin (...). Je vous embrasse, Hein."
Alors qu'il reconnaît lui-même devenir "froid et apathique", il ne cesse de réclamer plus de cette drogue qui s'apparente au speed. Le 20 mai 1940, le soldat de 22 ans écrit: " Peut-être pourriez-vous me fournir plus de Pervitin, pour que j'en aie en réserve?" Et encore le 19 juillet 1940, il écrit: " Si c'est possible, envoyez-moi s'il vous plaît davantage de Pervitin."
D'après le Der Spiegel, il explique qu'une seule pilule l'aide à rester aussi attentif qu'avec des litres de café, et qu'après une prise, toute son anxiété semble s'évanouir.
En plus de distribuer du Pervitin, les médecins militaires bourraient aussi le chocolat de méthamphétamine, donnant le "Fliegerschokolade" ou "le chocolat des airs" aux pilotes. Le speed chocolaté était aussi distribué aux équipes de chars d'assaut et surnommé Panzerschokolade ou "chocolat des chars".
Cette drogue miracle de guerre consommée par les troupes d'Hitler a été également administrée au leader nazi. À partir de 1942, le médecin d'Hitler lui injectait des doses quotidiennes de méthamphétamine. On suppose que la drogue était utilisée soit pour traiter les symptômes parkinsoniens d'Hitler, soit, au contraire, les a provoqués.
Des lettres publiées en 2011 ont montré comment elle a été utilisée pour soutenir les troupes pendant la déroute nazie en Russie.
En janvier 1942, un officier médical raconte dans une lettre comment il a eu recours à cette drogue après que les soldats, cernés par les Russes, tentent de s'échapper par des températures en dessous de zéro : " Lorsqu'ils ont commencé à s'étendre dans la neige pour y mourir, j'ai décidé de leur distribuer du Pervitin."
"Au bout d'une demi-heure, les hommes se sont mis à dire spontanément qu'ils se sentaient mieux."
Ils ont recommencé à marcher dans l'ordre, dans un meilleur état d'esprit, plus attentifs."
Mais la drogue avait de terribles effets secondaires. En plus des vertiges, de la transpiration, des hallucinations et des symptômes de dépression, certains soldats sont morts de crises cardiaques, tandis que d'autres se sont tirés dessus en état de transe.
L'ancien chef de la santé du Reich, Leonardo Conti, mit en garde contre les dangers du speed lors d'un discours à la mairie de Berlin, adressé à l'Association médicale du parti nazi, soutenant que "quiconque pense éliminer la fatigue avec du Pervitin peut être certain que son effet boostant va un jour cesser brusquement. Il peut être utile pour combattre la fatigue dans le cas d'une mission de vol de courte durée; mais à long terme, il n'y a que le sommeil qui puisse compenser réellement un état de fatigue. Voici ce dont nous devons être conscients en tant que médecins"…