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C'est en retrouvant, au début des années 90, "la famille extraordinaire" qui l'hébergea à Sarrians pendant la guerre qu'il décide de comprendre enfin ce qui est vraiment arrivé à sa mère. Il commence alors une implacable quête de vérité sur la trace de ceux qui l'ont arrêtée. Et découvre que certains Français ont activement participé à la déportation des juifs. "C'est en 1994 que j'ai finalement trouvé le nom de celui qui avait arrêté ma mère, confiait-il à Midi Libre en 2010 lors d'un entretien.
C'était un certain Charles Palmieri, petit chef de gang marseillais qui s'était mis au service des Allemands pour de l'argent." Il vient d'ouvrir un dossier qu'il ne refermera jamais. Il poursuit alors ses recherches sur les rafles de juifs autour d'Avignon avec le journaliste Bernard Weiss. Une somme d'informations, souvent inédites, vient d'être publiée en français dans Vichy, la pègre et les nazis : La traque des juifs en Provence, (éditions Nouveau monde), préfacée par Serge Klarsfeld. Un livre qui fait suite à Un Hiver en Provence, qui avait fait grand bruit lors de sa parution, en 1996. "De 1942 à 1944, plus de 400 juifs ont été déportés du Vaucluse vers les camps d'extermination. Tous n'ont pas été raflés à Avignon, Orange ou Carpentras. On est aussi venu les chercher à Camaret, Vaison-la-Romaine, Mormoiron, Buoux, Saint-Saturnin-lès-Apt, Cadenet, Goult… Tous ces villages perchés du Ventoux et du Lubéron qui enchantent le regard.
Qui a arrêté tous ces juifs ? Les Allemands, a-t-on prétendu, secondés parfois par la Milice. Comme si c'était si simple", explique Isaac Levendel. Traquer les traqueurs de juifs à travers les archives, telle est la tâche que se sont fixée Isaac Levendel et Bernard Weisz. Cette recherche conduit le lecteur sur les traces de vies criminelles jusqu'à Marseille et au-delà. On y côtoie des fonctionnaires zélés, des affairistes, des extrémistes, des SS en mission, des voyous et des repris de justice à l'affût.
On y entend aussi la voix de juifs qui, à la Libération, ont témoigné. Un documentaire qui bouscule bien des idées reçues. "Comme si l'administration française n'avait été que complice. Comme si les Allemands avaient été seuls à la manœuvre, alors qu'ils n'ont cessé de recruter, sur les ordres de Paris et de Berlin, des auxiliaires et des supplétifs pour mener la chasse, insiste Isaac Levendel. Mais cela n'enlève rien à l'héroïsme de certains actes de solidarité."