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Selon des sources syriennes, « aucun responsable palestinien ne se trouve désormais sur le territoire syrien ». Il ajoute que le ministre syrien des Affaires étrangères, « Farouk Chareh, en a informé Colin Powell ».
Deux jours plus tard, le 26, on apprend que l’un des cadres de ce mouvement « disparu » a été victime d’un attentat à Damas.
Et puisqu’il est question de fantômes, il faut à nouveau s’attarder sur les décomptes quelque peu fantaisistes des morts de l’Intifada par l’AFP, ses fantômes et ses ressuscités.
Le 30 août à 5h28, une dépêche sur une « tentative avortée d’attentat » fait état de la mort d’un adolescent palestinien (selon une source médicale palestinienne apparemment non contrôlée) et ajoute un mort au décompte ce qui porte à « 4.252 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifada fin septembre 2000, dont 3.254 Palestiniens et 927 Israéliens ». Le même jour, à 16h16, une autre dépêche rend compte d’un attentat qui a fait « 16 morts outre les deux kamikazes » et propose cette curieuse addition : « Ces décès portent à 4.267 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifada fin septembre 2000, dont 3.256 Palestiniens et 940 Israéliens. ».
Si vous savez compter, vous vous serez rendu compte que l’AFP a « oublié » 3 morts israéliens. Cette fois là, elle va les retrouver sans le moindre commentaire ni excuse le lendemain.
Le dernier épisode en date s’est produit pendant les fêtes de Kippour, moment propice pour que peu de gens s’en aperçoivent. Dans une dépêche du 24 septembre à 11h44 concernant la mort d’une israélienne tué par un obus de mortier tiré sur sa maison, l’AFP annonce 4333 personnes tuées dont 3317 palestinien et 949 israéliens. Une dépêche suivante du 25 septembre à 7h11, portant sur la mort d’un palestinien affiche 4337 personnes tuées dont 3318 palestiniens et… 948 israéliens, soit 4 morts de plus au total, mais un seul palestinien de plus et…. un mort israélien de moins. Quelqu’un serait-il ressuscité entre temps ? Toujours est-il qu’à ce jour, le décompte reste à 948.
Parmi les surprises de Kippour, il faut noter que c’est aussi ce soir là qu’a choisi la chaîne Arte pour diffuser – toujours à une heure tardive (23h10) – le premier numéro de l’émission « permis de penser » avec un passionnant entretien avec l’écrivain israélien, fondateur de Shalom Arshav, Amos Oz. Celui-ci n’a pas mâché ses mots pour dire quelques vérités aux intellectuels français. Plaisir aussi, après la rupture du jeûne, d’écouter dans l’émission de Thierry Ardisson (une fois n’est pas coutume) le philosophe André Gluksman nous expliquer en quoi le conflit israélo-palestinien n’a rien à voir avec la guerre en Tchetchénie (l’un est un très ancien conflit colonial et pas l’autre, l’un est un véritable génocide avec volonté d’éradiquer une population et pas l’autre) et le reporter Roger Auque de retour d’Irak répondre à ceux qui fustigent les seuls Américains pour le chaos en Irak qu’il y voit aussi une conséquence de l’incapacité qu’ont eu les Irakiens à se prendre eux-mêmes en charge après que les Américains les aient délivré de leur dictateur.
Un bain de pensée originale dans le prêt à penser actuel qui a permis d’entendre dans « Le dessous des cartes » consacré à l’Egypte (Arte, plusieurs diffusions) cette affirmation péremptoire : « Un régime en paix avec Israël et une population profondément anti-israélienne et anti-juive. Alors la politique israélienne donne évidemment raison aux plus radicaux des islamistes ».
Toute aussi « air du temps », l’émission « Questions d’actu » lundi 20 sur LCI. Sur le plateau, Claude Kemoularia, ancien ambassadeur à l’ONU rivalisait avec le politologue Pascal Boniface et l’écrivain Jean-Loup Izambert (auteur de « faut-il brûler l’ONU ») pour accuser les rapports de Etats Unis avec Israël d’être responsables de toutes les dérives de l’ONU. Manifestement aucun d’entre eux n’avait entendu parler de la nomination de la Libye au siège des droits de l’Homme, ni des majorités automatiques quand il s’agit de condamner Israël, ni de l’impossibilité de condamner la Chine ou la Russie.
De cette émission on retiendra cette affirmation de Claude Kemoularia : « Les Etats Unis ne veulent pas changer le Conseil de sécurité à cause du problème israélo-palestinien » et celle de Jean-Loup Izambert : « Je me mets à la place du Palestinien ou de l’Irakien qui a perdu toute sa famille sous les bombes. A quelques kilomètres de Bagdad, il y a 15000 prisonniers palestiniens, des maisons détruites tous les jours. Alors le Palestinien se dit « A quoi sert l’ONU ? ». On fabrique du terrorisme ».
Face à ces exagérations, demander un peu de rigueur dans le décompte des morts du conflit – si ce décompte doit être fait - n’est pas indécent. Il n’est pas indifférent de savoir si le rapport des morts israéliens et palestiniens est plutôt de un à trois (voire un à quatre selon certains organismes palestiniens) ou de à peine plus de un à deux comme le dit le ministère des affaires étrangères israélien, de même qu’il n’est pas indifférent de savoir parmi les morts des deux camps la proportion de ceux qui étaient des combattants ou des civils ainsi que la proportion de femmes ou d’enfants et surtout le contenu des statistiques produites.
Anne Lifschitz-Krams