Tribune
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Publié le 27 Septembre 2004

Arte co-produit et diffuse un film qui établit un parallèle entre sionisme et nazisme

La chaîne publique Arte va diffuser la semaine prochaine, les 7 et 8 octobre, « La Porte du Soleil », une co-production franco égyptienne adaptée du roman d’Elias Khoury. Cette fiction, qui sera diffusée en deux parties, retrace à travers l’histoire d’une famille arabe de Galilée l’exode des Palestiniens en 1948.



Autant le dire d’emblée, « La Porte du Soleil » est une ignominie. Même si ce film – il est important de le préciser – ne manque pas de qualités. Le réalisateur a disposé de moyens conséquents, les acteurs sont excellents, et même le scénario au moins dans la seconde partie du film développe avec une certaine subtilité le point de vue des Palestiniens.

Mais pour entrer dans cette histoire le téléspectateur devra d’abord supporter une heure de violence inouïe et de falsification historique. La guerre d’indépendance de 1948 n’est présentée que comme une suite de massacres perpétrés par les juifs à l’encontre des populations civiles. La scène de l’attaque du village est un monument de monstruosité. Les soldats de la Haganah abattent froidement femmes, enfants, vieillards qui implorent leur pitié.

A chaque séquence, la barbarie des « juifs » est soulignée avec la volonté évidente d’effectuer un parallèle avec celle des nazis. Et pour les simples d’esprit qui n’auraient pas bien compris, le film rajoute et multiplie les allusions où l’ignoble voisine avec le grotesque : le kibboutz, entouré de barbelés et de miradors, est une sorte de camp de concentration où les femmes palestiniennes sont contraintes de travailler sous la menace de soldats israéliens en armes. Avez-vous saisi le clin d’œil ? Younès, le héros palestinien, porte un numéro tatoué sur le bras, « 15 mai 1948 », qu’il s’est gravé lui-même le jour de son expulsion. Ne voyez-vous toujours pas où l’on veut en venir ? Après l’assaut du village les soldats juifs s’emparent des vêtements des civils palestiniens, les trient de manière systématique et les entassent en monticules soigneusement numérotés avant de les envoyer en Israël. « Que les juifs ont le sens de l’ordre et de l’organisation », s’exclame une femme palestinienne.

Dernière précision. « La Porte du Soleil » a été co-produit par la chaîne publique Arte qui le diffuse. Enfin, ce film a été largement subventionné par le Ministère de la Culture ainsi que le ministère des Affaires étrangères qui en assure de manière très officielle la promotion sur son site Internet.

Clément Weil-Raynal,

RCJ, lundi 27 septembre 2004