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De 1929 à 1939, Edgar Feuchtwanger croisera régulièrement la route et le regard de celui qui hurle sa haine des juifs. Dix ans de voisinage où la petite histoire côtoie la grande au pied de cet immeuble munichois : les affrontements sanglants des manifestations des SA et contre-manifestations communistes, la montée du nazisme dans les urnes, la conquête du pouvoir, la répression antisyndicale et anticommuniste, le départ vrombissant des SS la nuit des longs couteaux… Tout cela sous les fenêtres d'Edgar qui tente de comprendre les discussions des aînés, taraudés par la question angoissante de partir ou de rester.
D'autant plus que l'oncle Lion, auteur du célèbre Le juif Süss brocarde bientôt Hitler dans son roman Erfolg, ce qui provoquera la fureur des nazis et la déchéance de la nationalité allemande de Lion Feuchtwanger. La famille jusqu'alors réticente, quitte Munich en 1939, pour la Grande-Bretagne. Edgar a 15 ans. Devenu historien, il est toujours installé à Winchester. Il est aujourd'hui âgé de 88 ans.
Le 10 janvier 2013 sortira en librairies le livre «Hitler, mon voisin, souvenirs d'un enfant juif», co-écrit par Edgar Feuchtwanger et Bertil Scali.
Journaliste (Paris Match), écrivain, éditeur, Bertil Scali, a un pied à Paris et l'autre à Montrozier, Aveyron, son havre de paix où il a écrit en 2009, son premier roman, «Un Jour comme un autre».
«Hitler, mon voisin», est aujourd'hui pour lui un aboutissement après 17 ans à tenter de convaincre Edgar Feuchtwanger de témoigner via un livre : «J'ai rencontré Edgar en 1995. J'ai rédigé un article sur lui pour VSD. Nous sommes restés en contact. Je l'incitais à écrire un livre. Comme beaucoup d'historiens, il ne voulait pas se mettre en avant. C'est en constatant que l'on risquait d'oublier la vie au quotidien durant cette période avant guerre où Hitler influençait le monde entier, qu'il a accepté de témoigner, de la montée du nazisme, des exactions, mais aussi néanmoins du bonheur au quotidien dans sa famille qui le protégeait».
«Cette histoire m'a d'autant plus touché que ma grand-mère et ses trois enfants, dont mon père, juifs, ont été protégés par des Justes à Graulhet, dans le Tarn. Elle leur a consacré un livre Les Justes de Graulhet.». Le domicile munichois d'Hitler a été transformé après-guerre en commissariat de quartier, ce qu'il est toujours. En face, l'ex-appartement des Feuchtwanger abrite un cabinet d'avocats.
Article de Bernard-Hugues Saint-Paul
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