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Le rappel du général Mohamed Chaar par Bachar Al-Assad, qui lui a confié le ministère de l’Intérieur, avait inquiété les opposants syriens sur les intentions réformatrices du dictateur. Tout en annonçant des réformes démocratiques, Assad avait en réalité chargé Chaar d’éradiquer la contestation, par tous les moyens. De fait, Chaar était connu pour sa fidélité au clan Assad depuis qu’il avait commandé, sous les ordres de Hafez Al-Assad, la destruction de Tripoli, l’éradication de l’OLP de Yasser Arafat, et la mort de plusieurs centaines de libanais en 1986. De retour en Syrie, il avait supervisé, aux côtés de Maher Al-Assad, la répression de la prison de Saydanya, en juillet 2008.
Mais les temps ont changé. Au lieu d’éradiquer les révolutionnaires, Chaar en a été la victime à plusieurs reprises. Il a échappé à la mort au moins trois fois en 2012 : lors de l’empoisonnement de la cellule de crise, puis lors de l’attentat qui a décapité cette cellule, en juillet dernier, puis à la mi-décembre, quand deux explosions ont visé son ministère, à Damas.
Au terme d’une semaine d’hospitalisation à l’hôpital américain de Beyrouth (AUB), les autorités aéroportuaires syriennes viennent d’annoncer, ce mercredi, que Mohamed Chaar a regagné son pays via l’aéroport international de Damas.
Cette annonce est importante pour le régime syrien, à plusieurs égards :
- D’abord, elle vise à démentir les informations publiées hier mardi selon lesquelles Chaar a été amputé d’un bras et d’une jambe, après ses graves blessures et brûlures dans l’attentat contre le ministère de l’Intérieur.
- Ensuite, Damas tient à prouver que l’aéroport de Damas et la route le reliant à la capitale demeurent sous le contrôle du régime.
- Enfin et surtout, le rapatriement rapide de Chaar en Syrie vise à le mettre à l’abris des poursuites engagées à son encontre par un avocat libanais pour son rôle dans la destruction de Tripoli, en 1986. D’autant plus que de nombreux proches de familles ont nourri l’espoir de voir la justice juger, enfin, l’un des criminels de guerre.
Reste à connaître la réalité sur l’état de santé de Chaar, d’autant plus que les informations sont contradictoires à cet égard. La direction de l’AUB refuse de publier le moindre bulletin de santé concernant Chaar. La déception de voir ce criminel bénéficier de la liberté, et de la complicité de certains responsables libanais, non moins criminels que lui, est à la hauteur de l’espoir nourri ces derniers jours par la plainte contre Chaar.