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Nous avons échangé avec les étudiants qui ont été très accueillants. Ils nous ont fait part de leur besoin de faire ce travail de mémoire
DNA : L’Union des étudiants juifs de France faisait partie de la délégation qui accompagnait le président français François Hollande en Algérie pour sa visite d’État. Pourquoi votre union tenait-elle à faire ce voyage ?
Jonathan Hayoun : Cela fait plusieurs mois que nous demandions à l’Élysée de nous inscrire sur la liste de la délégation qui accompagnera François Hollande en Algérie. Nous avions demandé à l’Élysée de nous obtenir des visas pour faire partie de ce voyage. Nous voulions nous y rendre depuis des années.
Pourquoi ?
L’Union des étudiants juifs de France est la première organisation estudiantine française à soutenir l’indépendance de l’Algérie en publiant et en signant l’appel dit « Saint Séverin » de 1955 contre l’envoi de contingents en Algérie (Appel publié par le Nouvel Observateur, NDLR). À cette époque, l’union des étudiants de France a refusé se signer cet appel. Donc l’union des étudiants juifs de France est la première à prendre position pour l’indépendance de l’Algérie.
Votre organisation n’a jamais été autorisée à se rendre en Algérie depuis 50 ans ?
Depuis l’indépendance, nous n’avons jamais été admis en Algérie. Lorsque nous avions appris que François Hollande se rendait en visite officielle à Alger et surtout à l’université de Tlemcen, nous avions donc demandé à accompagner le chef de l’État français. Nous soutenons la demande pour la paix des mémoires qui ne peut se faire que par un travail d’histoire et par le fait de renouer les liens avec des organisations estudiantines algériennes.
Et l’Élysée a donné son accord…
Il est important pour nous de rappeler la mémoire des juifs d’Algérie. Lorsque des étudiants juifs de France se rendent en Algérie, c’est aussi une manière de rappeler à leurs ainés qu’il ne faut pas occulter cette histoire vieille de plusieurs siècles.
Les autorités algériennes vous en facilement accordé les visas ?
Tout à fait. L’ambassade d’Algérie en France nous a délivré les documents sans aucun souci.
En Algérie, vous aviez été bien accueillis ?
Absolument. Nous avions été à l’ambassade de France à Alger où le président français a fait un discours, ensuite nous nous sommes rendus à l’université de Tlemcen où il a également prononcé un discours devant les étudiants algériens. Nous avions rencontré des étudiants d’Algérie et nous avons fait savoir à la communauté juive de France qu’il est possible de retrouver cette mémoire dans cette quête de rapprochement entre la France et l’Algérie.
Aviez-vous rencontré des responsables politiques algériens ?
Pas dans un cadre formel. Certes nous avons eu des discussions avec des ministres, mais pas dans un cadre officiel. Nous avons davantage échangé avec les étudiants qui ont été très accueillants. Ils nous ont fait part de leur besoin de faire ce travail de mémoire. Parce qu’en tant qu’étudiants engagés durant la guerre auprès des Algériens, parce qu’en tant que juifs dépositaires d’une mémoire juive, celle d’une communauté présente en Algérie depuis des générations, parce qu’en tant que Français et responsables, il est important de dire les mots justes sur le passé colonial de la France durant la colonisation et durant la guerre. Aussi, il est important d’être présent lors de ce séjour historique du président français pour faire avancer la vérité et nous espérons pouvoir renforcer ce dialogue des mémoires.
D’autres voyages ou rencontres sont-ils prévus en Algérie ou en France ?
Nous souhaitons organiser un nouveau voyage en Algérie. Nous souhaitons également accueillir des étudiants algériens en France. Après cette visite d’État, l’heure de la société civile est venue. Nous voulons combler le désir fort des jeunes Français et jeunes algériens de connaitre cette page d’histoire que fut la colonisation et la guerre d’Algérie.