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Israël parle à chacune de ses opérations contre le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais de «restaurer la dissuasion». Dans leur jargon, les militaires appellent ces représailles cycliques, «tondre la pelouse».
La victoire du Hamas est symbolique mais bien réelle. Le mouvement palestinien a réussi pour la première fois à tirer des roquettes contre Tel-Aviv et Jérusalem. Cet exploit suffit à venger la mort de son chef militaire, Ahmed al-Jaabari, et à lui assurer dans le monde arabe le prestige de ceux qui tiennent tête à Israël. Le cessez-le-feu rapide et les pertes civiles relativement limitées laissent intacte sa popularité à Gaza.
Le bilan israélien est plus compliqué à tirer. Le but officiel de l'opération de Tsahal était de faire cesser les tirs de roquettes contre le sud d'Israël et de rappeler au Hamas le coût potentiel d'une confrontation. Si les tirs ont cessé, au moins momentanément, le Hamas est toujours au pouvoir à Gaza, son arsenal devrait se reconstituer et la menace jusqu'à présent virtuelle de tirs de roquettes sur la moitié du territoire israélien est devenue une réalité.
Respectabilité nouvelle du Hamas
Plus enclins au pessimisme et à l'autocritique, les Israéliens commencent déjà à discuter du succès ou de l'échec de l'opération, et si une offensive terrestre n'aurait pas permis d'accomplir plus. Pourtant, la trêve arrachée mercredi par l'Égypte et les États-Unis comporte en elle-même un élément nouveau. L'implication personnelle du président égyptien, Mohammed Morsi, lui donne un poids que n'avait jamais eu aucun des cessez-le-feu précédents avec le Hamas. Parrainée par un nouveau régime égyptien duquel il attend beaucoup, la trêve a pour le Hamas une importance plus grande que celles arrachées dans le passé par les services secrets de Moubarak. La respectabilité nouvelle du Hamas, visité dorénavant par les représentants de tous les pays arabes et de la Turquie, passe par le respect de ses engagements. Sa nouvelle légitimité militaire lui donne pour un temps l'ascendant nécessaire pour les faire respecter aux autres mouvements palestiniens plus radicaux.
Ce patronage égyptien sert directement les intérêts d'Israël. Le rêve secret israélien de transférer la responsabilité de Gaza et de sa remuante population à l'Égypte ne s'est pas réalisé. Mais l'implication du Caire dans le dossier est un soulagement. En cas d'éventuelle violation du cessez-le-feu, Israël possède dorénavant un interlocuteur étatique avec lequel parler. Même si rien n'est résolu sur le fond entre Israël et le Hamas, les termes de cette nouvelle trêve peuvent procurer une accalmie durable sur le front de Gaza. Un peu comme la guerre de 2006 contre le Hezbollah, jugée désastreuse à l'époque, a donné à Israël un répit qui dure depuis six ans.