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Athènes, samedi 12 mai, au deuxième étage d'un immeuble de la rue Delighianni -le siège du parti néonazi Aube Dorée, Chrissi Avghi. Ce soir, Nikos Michaloliakos, son leader, s'adresse à ses troupes. La salle est pleine à craquer, le service d'ordre débordé. Il y a beaucoup de jeunes, qui assistent à la réunion, après s'être inscrits au parti, à l'étage en dessous. Ils doivent rester debout dans les escaliers en béton. La presse n'est pas admise. L'Express a pu se faufiler.
"Sang honneur, Chrissy Avghi", beuglent les militants. Nikos Michaloliakos prend la parole. "On a gagné, hurle-t-il, du haut de sa tribune, entouré de sa garde prétorienne. On est entré au Parlement, on n'en partira plus. Ils vont devoir compter avec nous!" Un militant lui demande pourquoi le site a été interdit. "On leur fait peur, répond-il. Nous avions 20.000 visites par jour. Mais nous en construirons un autre !" Applaudissements nourris. "Nous allons proposer des projets de loi qui ne leur plairont pas, enchaîne-t-il. Ils les refuseront, mais leurs électeurs verront que ce que nous proposons, qui est bon pour les Grecs, est refusé. Aux prochaines élections, ils viendront à nous."
Le discours devient alors "idéologique". "On me dit nazi, car c'est un mot allemand, tonne Nikos Michaloliakos. Je ne suis pas fasciste, car c'est un mot italien. Je suis nationaliste!" Plusieurs personnes se lèvent pour l'applaudir. "On me reproche d'avoir écrit sur Hitler et l'Occupation. Je ne regrette pas mes écrits. Hitler a réduit le chômage dans son pays. Nous, nos politiciens en sont incapables". Après avoir traité la presse de "Bolcheviks", il conclut ses 26 minutes de discours sur un couplet conspirationniste. "Ils essaient de nous provoquer, mais nous ne jouerons pas ce jeu. Nous avançons prudemment. Nous sommes la rage populaire, nous sommes le peuple en colère! Même si nous mettons des cravates au Parlement, nous ne deviendrons pas des parlementaires comme les autres."
Il le prouvera le lendemain matin, en niant publiquement l'existence de la Shoah. "Auschwitz, quoi Auschwitz? Je n'y suis pas allé. Que s'y est-il passé ? Vous y étiez, vous ? a-t-il demandé au journaliste Stavros Theodorakis. Il n'y avait pas de fours, ni de chambres à gaz, c'est un mensonge." Avant d'affirmer avoir "lu beaucoup de livres mettant en doute le chiffre de six millions de juifs" exterminés par les nazis. Il ne risque rien. En Grèce, le négationniste n'est pas considéré comme un délit.