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Les Qataris sont depuis peu les premiers actionnaires de Lagardère, avec 26% du capital. Or, cette société est gros actionnaire de Hachette, Europe 1, Canal +, et EADS, société mère d’Airbus. Il n’y a pas plus stratégique que la communication et l’aéronautique ! Le Qatar a aussi des participations dans Total, LVMH, Vinci, Veolia, et possède plusieurs palaces hôteliers à Paris et à Cannes. S’ajoute à ces investissements une résidence somptueuse dans l’ile Saint-Louis, l’Hôtel Lambert qui appartenait autrefois à Guy de Rothschild
Mais c’est un investissement relativement modeste 40 Millions d’euros, qui a fait le plus de bruit en France : l’achat du PSG.
L’émir désire avec l’aide du français Richard Attias, spécialiste des grands événements, faire du Qatar une capitale du sport, avec tournois de tennis, courses automobiles ou cyclistes. Le Qatar a même remporté l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2022 et Al Jazeera a obtenu les droits télé du championnat de football de Ligue 1 et de la coupe d’Europe.
Cet intérêt du Qatar pour le sport lui donne une image positive auprès de l’opinion publique française.
Les relations chaleureuses entre l’émir du Qatar et les Autorités françaises se sont manifestées par une convention fiscale qui exonère le Qatar d’impôts. Il est paradoxal d’accueillir à bras ouverts les capitaux étrangers au moment où l’excès d’impôts incite nombre de capitalistes français à envisager l’exil fiscal.
Mais les Qataris savent être généreux, par exemple pour le sauvetage des infirmières bulgares, ou pour la création d’un fonds de 50 millions d’euros destiné à la création d’entreprises par les jeunes des banlieues.
Et c’est là que le bât blesse ! Que veut réellement ce pays dirigé par un islamiste convaincu en étant aussi présent en France, particulièrement auprès des 10% ou plus de la population française de confession musulmane ?
En réalité la position du Qatar est très ambigüe. La réputation du Qatar doit beaucoup à la chaîne de télévision Al Jazeera, concurrent redouté de CNN ou BBC. Al Jazeera diffusait avec empressement les messages de Ben Laden. Elle donne la parole au prêcheur islamiste Qaradawi qui exprime sa haine des Juifs, recommande la lapidation des femmes adultères, et la mort des homosexuels et des apostats. Au point que notre gouvernement vient de lui refuser l’entrée sur le territoire français. Quant au gouvernement qatari il soutient en Égypte les salafistes, plus extrémistes encore que les frères musulmans, et maintient des rapports étroits avec le Hezbollah, le Hamas, et les talibans.
À l’inverse, le Qatar entretient les meilleures relations avec les Occidentaux, a eu des contacts avec Israël jusqu’en 2009, et s’est rangé aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne lors du conflit contre Khadafi.
En résumé, l’argent provenant du gaz a été intelligemment utilisé pour permettre à cet émirat de jouer un double jeu auprès de tous les acteurs, les gentils comme les méchants, de la scène internationale.
Mais jusqu’où va-t-on laisser l’argent qatari pénétrer notre économie, et influencer nos dirigeants comme nos concitoyens ?
(Chronique de Roger Cukierman sur Judaïque FM 94.8 le 2 avril 2012)