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Publié le 9 Janvier 2012

La menace extrémiste en Belgique : le rapport 2010 de la Sûreté de l’État

Le rapport 2010 de la Sûreté de l’État a triplé de volume et fait un bond qualitatif majeur. Pour la première fois de son histoire, notre service de renseignement civil développe plus largement et sans langue de bois les thèmes sur lesquels il travaille dans le plus grand secret : extrémisme idéologique et religieux, terrorisme, espionnage et ingérence, crime organisé, protection du potentiel économique et scientifique, prolifération, organisations sectaires nuisibles, relations internationales.



Si le lecteur n’est pas intéressé par le rappel du dispositif qui encadre le travail de renseignement, il peut aller directement à la page 28 du rapport. On apprend qu’à l’heure actuelle, l’extrême droite représente un risque minime, malgré ses débordements identitaires et islamophobes. L’extrême gauche, dans le cas du PTB, essaie de se normaliser, mais le rapport épingle le risque d’un rapprochement entre l’antisionisme et l’antisémitisme. « Nous constatons que, à côté des actions de solidarité avec le peuple palestinien, de plus en plus d’actions de boycottage des produits israéliens sont organisées. Le droit légitime de s’opposer à ce qui est perçu comme une injustice pourrait ici interférer avec les relations diplomatiques de notre pays. En outre, l’attention nécessaire a été prêtée à la possible collusion entre l’extrême gauche et les milieux de l’islamisme radical: antisionisme et antisémitisme ont pu dans certains cas servir de ciment pour une telle convergence », écrit la Sûreté.



La Sûreté rappelle à quel point des puissances étrangères et parfois des mouvements radicaux tendent de prendre pied dans l’islam institutionnel de Belgique.



Elle conclut, sur le mode grave : « L’extrémisme islamique ne perdra pas en importance à l’avenir. Par ailleurs, les ambitions que nourrissent les extrémistes musulmans exerceront une influence négative sur l’intégration des musulmans dans la société occidentale. Il n’est pas à exclure que certains extrémistes musulmans se montrent à l’avenir ouvertement favorables à la violence, à laquelle ils n’hésiteront pas à recourir. Il est clair que les développements dans les milieux extrémistes de notre pays ne devront d’ailleurs pas être vus comme détachés de ceux des autres pays européens. »



A l’extrême gauche, les anciens des Cellules communistes combattantes (CCC), Pierre Carette et Bertrand Sassoye, libérés, font toujours l’objet d’une surveillance, n’ayant pas abandonné leur positionnement idéologique. Le mouvement anarchiste est également tenu à l’œil.



Sur le plan international, l’évolution de la Turquie fait l’objet d’une attention plutôt inquiète en raison de ses implications géostratégiques. C’est l’un des intérêts de ce rapport new look : il replace chaque phénomène affectant la Belgique dans un contexte géopolitique plus large. Et cela vaut pour tous les continents ou pays (Amérique latine, Pakistan…) dont les mouvements extrémistes sont susceptibles d’être importés en Belgique.



Un exemple : la tension dans la diaspora congolaise – majoritairement opposée au Président Joseph Kabila – est montée au fil des mois. La mort à Kinshasa de deux opposants congolais vivant la plupart du temps en Belgique a rendu la communauté congolaise de la diaspora extrêmement nerveuse. (…). La Sûreté de l’Etat indique : « Il convient de rester très attentif sur ce sujet dans les prochains mois. Une action contre un proche du régime en Belgique n’est pas impossible et pourrait avoir des conséquences pour nos relations diplomatiques avec la République démocratique du Congo".



Photo (pour illustration uniquement): D.R.



Source : le Vif