"Mahmoud Abbas semble avoir abandonné le terrorisme – puisque la coopération sécuritaire israélo-palestinienne fonctionne très bien en Judée-Samarie contre le Hamas, mais parallèlement, en voulant faire reconnaître l’Etat palestinien par l’ONU et en accentuant, ce faisant, les pressions internationales sur l’Etat juif, Abbas déclare une guerre diplomatique et juridique contre Israël."
Le vice premier ministre Meridor réfute l’affirmation réitérée par Abbas selon laquelle « les négociations avec Israël n’ont pas réussi ». Il explique que : « C’est en fait l’AP qui n’a pas répondu, fin 2008, aux offres fort généreuses du gouvernement Olmert sur l’octroi – presque à 100 %, sauf quelques échanges mineurs de territoires et l’internationalisation de Jérusalem… Car, sans jamais oser l’avouer publiquement les Palestiniens ne veulent vraiment pas, contrairement à Israël, la fin de ce conflit ! A preuve : le tout récent refus par l’AP de l’initiative du Quartet de reprendre les négociations – ce "‘vide", s’il se perpétue, ne sera bon ni pour eux ni pour nous"
« En revendiquant sans cesse le « retour des réfugiés », l’AP ne semble guère vouloir mettre un terme à la belligérance… »
« D’ailleurs, remarque le ministre, alors qu’Israël souhaite clairement la fin de ce conflit en se montrant prêt à faire de douloureux compromis et en appliquant – après une partition territoriale dûment négociée avec l’AP - la solution des ‘deux Etats vivant en paix côte à côte’, à l’inverse le Hamas proclame sans cesse qu’il veut continuer la guerre contre nous et perpétuer ce conflit à l'infini... Quant au discours d’Abbas et de l’OLP, il reste très flou et confus : ainsi, le président palestinien parle-t-il sans cesse de la ‘Nakba’ et conséquemment du ‘ retour des réfugiés’ y compris leur retour dans l'Etat juif.
« Il est clair qu’à l’ONU, précise encore Meridor, la démarche de l’AP consiste à obtenir la reconnaissance d’un Etat sans nullement s’engager sur la fin du conflit et sans renoncer à cette revendication, totalement inacceptable pour nous, du retour de leurs réfugiés sur le territoire israélien ! On pourrait en effet arriver à s’entendre, d’une manière ou d’une autre, sur le tracé des futures frontières et sur le statut de Jérusalem, mais en aucune manière sur un tel ‘retour’ qui saperait totalement les bases démographiques et la viabilité même de l’Etat juif ».
Un contexte régional instable et volatile où plane plus que jamais la menace iranienne !
En analysant les diverses données du contexte régional au Proche-Orient, Dan Meridor affirme : " C’est une évidence que le ‘printemps arabe’ – qui a émergé avec des aspirations de départ très occidentales pour plus de justice et de liberté contre les dictateurs locaux comme en Libye et en Syrie – a changé bien des données du Proche-Orient… Toutefois, nous ne savons pas si les Frères musulmans, alliés au Hamas de Gaza, vont réussir à capitaliser, notamment en Egypte, la vague de bouleversements sur laquelle Abbas s’appui aussi pour changer de stratégie… ».
Il est évident que le traité de paix de Camp David signé en 1979 avec l’Egypte sert les intérêts des deux pays, mais depuis les émeutes de la Place Tahrir au Caire, et compte tenu de la grande incertitude politique qui plane sur ce pays, « on ne voit pas clairement ce que souhaite le leadership égyptien… » .
« Cependant, remarque Dan Meridor, si ces bouleversements peuvent générer de nombreux dangers, ils sont aussi porteurs d’espoir et de possibilités de nouvelles alliances régionales. Ainsi, existe-t-il au Proche-Orient une nette volonté, de la part des pays arabes comme d’Israël, de stopper les ambitions hégémoniques iraniennes qui constituent – surtout si Téhéran se dote finalement de l’arme nucléaire – un grand péril pour tout le monde ! ». Et le ministre de constater qu’alors que les Etats-Unis et l’Union européenne avaient décidé et appliqué en 2010 un nouveau train de sanctions assez efficaces contre Téhéran, les événements du « printemps arabe » et du tremblement de terre au Japon – qui s’est transformé en désastre humain et écologique – ont eu pour effet indirect d’alléger ces pressions sur l’Iran : « A présent, il faut y revenir, car personne ne souhaite dans la région que les Iraniens dominent le Proche-Orient, ni le monde arabe ni le monde musulman en disposant de l’arme atomique. Toutefois, il faut reconnaître que l’Iran n’est pas un pays isolé et coupé du reste de la planète comme l’est la Corée du Nord : c’est un pays très capable et toujours lié à la communauté internationale, dont le leadership est justement à même de réfléchir sur l’énorme prix qu’il lui faudra payer s’il veut vraiment se doter d’armes nucléaires… ».
Propos recueillis par Richard Darmon.
Photo : D.R.
Source : Centre des Affaires Publiques et de l’Etat de Jérusalem