Les combats se poursuivaient dimanche pour prendre cette ville côtière à 360 kilomètres à l'est de Tripoli où les pro-Kadhafi opposent une résistance farouche, alors que des centaines de familles continuaient à fuir. Des membres du CNT ont affirmé avoir pris un quartier dans le sud-ouest de Syrte. "Nous contrôlons 95 % de Bouhadi, un fief de Kadhafi où habitaient de nombreux membres de sa famille et de son clan", a dit Drissi Mayar, ajoutant avoir pris samedi "une petite base militaire après de légers accrochages".
Les hôpitaux inaccessibles
Les forces pro-CNT, positionnées au nord-est de la ville, ont également pilonné à l'arme lourde, notamment à l'aide de chars le centre de Syrte où se retranchent les combattants pro-Kadhafi. Hichem Khadhraoui, un représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a visité la ville de 70 000 habitants, a affirmé que les blessés et les malades ne pouvaient pas rejoindre l'hôpital à cause des combats et des bombardements de l'OTAN.
"Plusieurs roquettes ont touché l'intérieur de l'hôpital pendant que nous y étions", a-t-il déclaré à l'AFP, déplorant "beaucoup de tirs aveugles" de roquettes, de canons antichars et de mitrailleuses. L'origine exacte de ces tirs n'a pas pu être établie, a-t-il ajouté, précisant que l'équipe du CICR avait été "surprise" que l'attaque survienne durant sa visite car "toutes les parties avaient été prévenues".
Le CICR a affirmé que les assiégés mouraient par manque de soins de base dû au "manque d'oxygène et de carburant pour le générateur" et que l'hôpital Ibn Sina était privé d'eau car son réservoir avait été touché.
Selon Hassan Duhan, commandant du conseil militaire à Misrata, les pro-Kadhafi à Syrte ont dit "à la radio qu'ils n'avaient plus d'électricité et qu'ils étaient à court de nourriture et de munitions". Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, avait d'ailleurs donné vendredi 48 heures aux civils pour quitter la ville, sans toutefois préciser si ce répit signifiait le lancement d'une vaste offensive dimanche à Syrte, où l'OTAN a annoncé avoir touché samedi neuf objectifs militaires.
Des centaines d'habitants entassés dans des voitures chargées de valises et de sacs quittaient encore la ville dimanche en direction de Misrata. Samedi, une roquette a tué deux enfants, dont les familles quittaient la ville. Radwan Abdelrahim qui fait partie de ces familles a affirmé que la situation à Syrte est devenue "intolérable". "Nous ne savons pas d'où proviennent les balles et les roquettes".
Aide médicale américaine
L'influent sénateur républicain John McCain a appelé dimanche les Etats-Unis à apporter une aide médicale aux milliers de blessés, arguant du manque de moyens et de compétences médicales dans le pays. "Ils ont eu 25 000 tués, 3 000 mutilés et 60 000 blessés, selon les chiffres de leur gouvernement. Nous devrions les aider", a affirmé le sénateur lors de l'émission "Face the Nation" sur la chaîne CBS.
John McCain, qui revient d'une visite à Tripoli où il était accompagné d'autres sénateurs américains, souhaite que des blessés libyens soient transférés dans l'hôpital militaire américain de Landstuhl (Allemagne) ou que les Etats-Unis envoient un navire-hôpital au large de Tripoli, "ou si c'est trop dangereux à Malte".
"Nous pouvons les aider. Ils n'ont pas les moyens médicaux de prendre soin de tous ces gens", a-t-il martelé, estimant que "cela serait très important" pour les relations entre les Etats-Unis et les nouvelles autorités et la population libyennes
Photo : D.R.
Source : le Monde du 3 octobre 2011