Un conseiller de M. Obama a toutefois qualifié ensuite les propositions de M. Sarkozy "d'importantes", tout en constatant un désaccord.
Sollicité par une journaliste qui lui demandait son avis sur la proposition formulée par M. Sarkozy plus tôt à la tribune de l'ONU d'offrir un statut intermédiaire d'Etat observateur à la Palestine afin de désamorcer la crise avec Israël, le président américain s'est contenté de répondre, en français dans le texte, "bonjour".
Relancé par une autre journaliste, M. Obama est passé à l'anglais pour affirmer: "pas de commentaire". Le président américain avait auparavant évoqué la nécessité pour son pays et la France de coordonner leurs efforts dans la résolution du conflit israélo-palestinien, en restant très vague dans la formulation.
A la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, M. Sarkozy a proposé mercredi "un changement de méthode" pour réussir la paix au Proche-Orient, offrant un statut "intermédiaire (...) d'Etat observateur" à l'ONU pour la Palestine, et "un accord définitif" de paix dans un délai d'un an.
Il a aussi mis en garde les Palestiniens et les Etats-Unis contre un bras de fer au Conseil de sécurité, prévenant qu'un veto américain à la demande d'adhésion d'un Etat de Palestine à l'ONU "risquerait de déclencher un cycle de violence au Proche-Orient". L'un des conseillers adjoints de sécurité nationale de M. Obama, Ben Rhodes, a affirmé que les propositions de M. Sarkozy étaient "importantes" et "constructives", mais que les deux dirigeants n'étaient pas d'accord sur le rôle des Nations unies dans le dossier palestinien.
"Une action unilatérale via l'ONU pour parvenir à un Etat ne résoudra pas les problèmes des Palestiniens sur le terrain", a-t-il dit, rappelant la position défendue par les Etats-Unis.
M. Rhodes a toutefois affirmé que Paris et Washington pouvaient travailler "sur la base de la nécessité de relancer les négociations" entre Palestiniens et Israéliens, nécessaire "pour parvenir à une paix durable". "On peut avoir des nuances tactiques, mais nous avons les mêmes objectifs stratégiques, c'est-à-dire la reprise sans délai des négociations de paix", a-t-on commenté à l'Elysée après la rencontre.
De même source, Nicolas Sarkozy a souligné auprès de son homologue "le rôle irremplaçable des Etats-Unis" dans le processus de paix, un rôle qui cependant "ne doit pas être exclusif."
Sur d'autres sujets de politique étrangère, lors de ses déclarations au côté de M. Sarkozy, M. Obama a estimé que le partenariat entre Paris et Washington avait "été mis en évidence par le travail extraordinaire que nous avons fait ensemble en Libye", un mois après la chute du régime de Mouammar Kadhafi face à l'avancée des rebelles soutenus par les frappes de l'Otan. "Je tiens à remercier le président Sarkozy pour son esprit de décision", a ajouté le dirigeant américain.
M. Obama a aussi affirmé que la coopération entre Washington et Paris dans le dossier ivoirien avait permis l'arrivée au pouvoir du président élu Alassane Ouattara, après la capture en avril du président sortant Laurent Gbagbo qui refusait de reconnaître les résultats de la présidentielle de novembre 2010.
(Libération du 23 septembre 2011)