Tribune
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Publié le 14 Avril 2011

Le dialogue est la seule issue pour sortir de la crise, par Naser Al Belooshi, ambassadeur de Bahreïn à Paris

La presse et les médias ont longuement relaté la situation à Bahreïn. L'opposition s'est exprimée librement. Aujourd'hui, je souhaite apporter des précisions :




Les revendications qui pouvaient aboutir si le dialogue national avait été accepté par l'opposition ont été détournées à d'autres fins, alors même que le prince héritier de Bahreïn, cheikh Salman Ben Hamad Al-Khalifa, avait accepté de débattre de ces propositions, que l'ordre avait été donné à la police de ne pas intervenir et que les prisonniers politiques avaient été libérés.



L'ensemble des associations politiques ont fait des propositions pour un parlement avec des pleins pouvoirs, un gouvernement représentatif du peuple, un meilleur découpage électoral, la lutte contre la corruption ainsi qu'un débat sur la naturalisation et sur les tensions entre sunnites et chiites.



L'opposition ayant refusé le dialogue, les manifestations de plus en plus violentes ont bloqué les artères principales de la capitale conduisant aux centres d'affaires, aux hôpitaux, aux écoles et universités. Un climat de violence à l'encontre des expatriés s'est installé. Des dégradations de biens publics et privés ont eu lieu.



Le royaume, brassage d'une multitude de civilisations, de cultures et de religions appartient à tout le peuple dans sa diversité.



Ingérences extérieures



Ce mouvement de contestation a été soutenu par des ingérences extérieures. Les prises de position de l'Iran et des médias de ce pays, du Hezbollah et des guides spirituels chiites en Irak ont pris une ampleur telle qu'elles ont nécessité l'intervention des forces du bouclier de la péninsule. L'entrée à Bahreïn de cette force de dissuasion s'est faite dans le cadre des accords de défense entre les pays du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït). Sans intervenir, cette force s'est avérée nécessaire pour la sécurisation des sites stratégiques contre toute menace extérieure.



Dans ce climat d'instabilité, il fallait impérativement rétablir l'ordre public et c'est ainsi que le roi a décrété l'Etat d'urgence tout en maintenant le dialogue.



De mon point de vue personnel, le dialogue sans conditions préalables dans le respect des institutions en place et des acquis de ces dix dernières années, reste la seule issue pour sortir de cette crise. Le résultat de ces discussions pourrait être soumis comme l'avait suggéré le prince héritier à un référendum national. N'est-ce pas la meilleure solution de donner à chacun qu'il soit musulman, chrétien, juif ou autres, la possibilité de s'exprimer par la voie d'un référendum sur une feuille de route qui inclurait toutes ces réformes ?



La stabilité du royaume est vitale pour la région et pour le monde entier, je ne peux donc qu'espérer une rapide normalisation de la situation en appelant de mes vœux que l'intérêt du pays l'emporte sur les divisions sectaires pour que nous puissions avancer dans notre processus de réformes entamé depuis l'accession au pouvoir du roi.



Photo (Naser Al Belooshi, ambassadeur de Bahreïn à Paris) : D.R.



Source : le Monde du 14 avril 2011