Insultes racistes de Lyon à Roanne : sur les traces de Phinéas

Depuis novembre 2010, c’est la troisième fois que des insultes xénophobes et des menaces de mort sont trouvées dans le Roannais signées Phinéas, comme à Lyon. « Comme Yannick Noah a porté plainte, j’espère que cela fera avancer l’enquête un peu plus vite » escompte Sukru Kilicer, président depuis trois mois de l’association culturelle turque de Roanne. Sa communauté a une nouvelle fois été la cible d’injures à caractère raciste et de menaces de mort. Des écrits signés Phinéas accompagnés de croix gammées retrouvées sur une table avec des munitions devant l’entrée du Scarabée, vendredi 8 avril 2011, quelques heures avant le concert de Yannick Noah. Les menaces et les insultes visaient également l’humoriste Jamel Debbouze qui se produisait le lendemain dans la même salle de spectacle.

« Au début ça nous faisait presque rigoler, mais maintenant les gens commencent vraiment à s’inquiéter au sein de la communauté. Ca nous touche vraiment » poursuit Sukru Kilicer. Lequel ne comprend pas l’acharnement dont sont victimes les Turcs de l’agglomération roannaise qui ont porté plainte par le biais de l’association.

En effet, en octobre 2009, le club de football du faubourg Clermont avait déjà été la cible d’insultes et de menaces et le stade où il devait disputer sa rencontre de coupe de France avait été saccagé. Des faits qui ne s’accompagnaient d’aucune signature, contrairement aux écrits retrouvés en novembre 2010 et en février dernier. Ces deux dernières fois les insultes et menaces visant les Turcs et les Maghrébins, ainsi que la maire de Roanne Laure Deroche, étaient signées Phinéas. Un pseudonyme emprunté par Michaël Tronchon, condamné à 20 ans de réclusion par les Assises du Rhône, pour l’agression à la hachette de deux Français d’origine maghrébine en 2004 ainsi que la profanation d’un cimetière juif à Lyon. Il a expliqué avoir utilisé ce pseudo en référence aux « Prêtres de Phinéas », groupuscule néonazi américain qui prône la pureté de la race arienne. C’est certainement en direction de cette mouvance néonazie que les enquêteurs ont orienté leurs recherches. Une quête qui s’annonce sans aucun doute délicate. Pour le moment, aucune personne ne semble être en mesure de donner des renseignements sur le ou les auteurs des faits.

Au grand dam des communautés visées qui commencent à s’inquiéter puisqu’en l'espace de six mois, c’est la quatrième fois que Phinéas sévit sur l’agglomération.

Des associations antiracistes ont appelé à un "rassemblement républicain" jeudi 14 avril 2011 à Roanne (Loire), où des inscriptions racistes et des menaces de mort visant le chanteur Yannick Noah et l'humoriste Jamel Debbouze ont été découvertes la semaine dernière.

"Depuis un trop long moment, Roanne est devenu le terrain de la montée en puissance d'actes à caractère raciste et antisémite constamment signés du groupuscule de néo-nazis Phinéas", ont dénoncé mardi dans un communiqué commun SOS Racisme, la Ligue des Droits de l'Homme, la Licra, et l'Union des Etudiants Juifs de France.

"Cette montée a connu une escalade supplémentaire et dramatique vendredi dernier avec des attaques violentes à l'encontre de deux personnalités préférées des français, qui sont l'incarnation même de la France métissée et rassemblée", ont ajouté les associations fixant le rassemblement devant la mairie.

Dans une lettre ouverte, le Modem demande au procureur de la ville "de mobiliser chacun de (vos) services afin d'éviter l'escalade que recherchent ces personnes".

Yannick Noah a déposé plainte après la découverte de ces inscriptions sur une table, accompagnées de croix gammées, et de 61 munitions répandues sur le sol à l'arrière d'une salle de spectacle à Roanne avant un concert, vendredi soir.

Outre l'humoriste Jamel Debbouze, qui s'est produit dans la même salle samedi soir, elles visaient aussi la communauté turque de la ville qui avait été déjà l'objet de menaces de mort de Phinéas et taguées sur un transformateur électrique dans un quartier de Roanne.

Photo (Le nom de Phinéas est apparu en 2004, à Lyon, quand le cimetière juif de La Mouche était profané par Michael tronchon) : D.R.

Source : le Progrès de Lyon du 12 avril 2011

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