On y entend Enrico Macias chanter en duo une version yiddish de Paris tu m'as pris dans tes bras, traduite pour l'occasion par le grand chanteur Theodore Bikel, Américano-Israélien né à Vienne (Autriche) en 1924, et dont les parents avaient émigré en Palestine dès 1937. Bikel avait assisté au concert de Macias au Carnegie Hall en 1968.
"Là où ils sont passés, dit Enrico Macias, les juifs ont mélangé leur culture avec les influences autochtones. Ma famille vient d'Andalousie, qui, pour moi, est une référence, qui fut dès le IXe siècle ce qu'Israël fut ensuite, une patrie. Jusqu'à l'intervention d'Isabelle la Catholique qui, en 1492, obligea les juifs à l'exode vers l'Afrique du Nord. L'Andalousie a généré une grande civilisation pacifique, avec des juifs, des Arabes, des gens du Nord, des médecins, musiciens, peintres, etc."
Pour Voyage d'une mélodie, Enrico Macias se montre polyglotte : l'hébreu, pour Shalom Aleikheim en duo avec Daniel Lévi ; en kabyle, avec Idir ; en ladino - la langue des juifs d'Espagne, avec Yasmin Levy ; en français, Les Séfarades, sur un texte d'Eliette Abecassis... L'album a été conçu par Jean-Claude Ghrenassia, fils d'Enrico, et le jeune DJ canadien SoCalled (Josh Dolgin), excellent rénovateur de la musique juive américaine. Il y a aussi Tah'el Fil Yasmin, reprise d'une chanson tunisienne de Cheikh El-Afrit (1897-1939), chanteur arabe qui avait épousé une fille juive. "C'était prémonitoire, puisque très vite ont éclaté ces mouvements inattendus et formidables vers la démocratie, qui ont pris de cours les fondamentalistes qui pensaient qu'il leur appartenait de changer la face de ces pays"…
Voyage d'une mélodie, d'Enrico Macias, 1 CD AZ/Universal.
A l'Olympia, 8, bd des Capucines, Paris-9e. Mo Madeleine. Du 24 au 27 mars, à 20 h 30. 39€.
Extraits d’un article de Véronique Mortaigne, paru dans l’adition du Monde du 18 mars 2011.
Photo : D.R.