Je viens d'être réintégrée dans un prestigieux lycée de Nancy : le lycée Henri Poincaré. Cela intervient après un conseil de discipline de plus de 7h où maître Terquem, mon avocat, a lancé une offensive argumentative remarquable! Je dois avouer qu’en terme de punition, il y a vraiment pire.
En effet, si l’on considère cette affectation comme un premier pas vers ma réhabilitation, professionnelle, intellectuelle et morale, elle ne serait pas pleine et entière tant que mon dossier administratif n’aura pas été vidé de toute accusation. N’oublions pas que le dysfonctionnement, responsable de la volonté de réduire voire supprimer les voyages de la mémoire de la Shoah, est tout entier du côté de la direction du lycée. Par conséquent, je dois poursuivre mon action, et en ce sens maître Terquem s'y emploie.
Aujourd'hui, j'ai eu l'immense plaisir de retrouver des classes d'élèves. Enfin, je vais pouvoir enseigner ! Cette rentrée scolaire retardée par la suspension de 4 mois, m'a redonné des forces ! Priver un enseignant d'exercer le métier qu'il a choisi et qu'il aime est une punition, une sanction qui va bien au-delà de l'aspect administratif. J’espère donc reprendre mes activités autour de la mémoire et proposer bientôt à la direction de mon nouveau lycée, un projet de voyage de la mémoire de la Shoah. La garantie accordée par le Recteur dans sa déclaration concernant ce voyage est aussi un engagement qui doit être respecté!
Le CRIF s’est fortement mobilisé à vos côtés. Est-ce que son intervention a été pour vous un soutien concret et moral important ?
Depuis septembre 2007, date d'arrivée de la proviseure dans mon lycée, j'ai été en bute à des tracasseries perverses de sa part à cause du voyage de la mémoire de la Shoah. Elle a déployé toute son énergie dans ce seul but : abattre ce voyage. En juin 2009, suite à un de ses rapports au Recteur, elle annonçait sa volonté de me faire sanctionner. L'intervention de Mr André Rossinot maire de Nancy, ancien ministre, qui du reste soutient depuis 15 ans le voyage de la mémoire de la Shoah, auprès du recteur de Nancy a été décisive pour écarter la sanction. Cependant la hargne délirante de la direction du lycée a continué de s’exercer contre moi. La proviseure rédigeait encore un énième rapport contenant de fausses accusations, conduisant alors le directeur du cabinet du Recteur et son DRH à me convoquer devant un conseil de discipline pour la rentrée scolaire de janvier 2010.
Depuis lors, c'est-à-dire depuis le mois de décembre 2009 et jusqu’au dénouement final de ma suspension, la ténacité des interventions répétées de Richard Prasquier, tant auprès du recteur qu’au niveau ministériel voire plus haut, a permis de repousser efficacement les menaces les unes après les autres.
C'est dire comment je fus accompagnée de près par le CRIF dès cette période et comment la connaissance du problème est ancienne pour le CRIF !! D’ailleurs, dès l’annonce de ma suspension en septembre 2010, le Président du CRIF fut parmi les premiers à intervenir auprès des autorités compétentes.
Après la rédaction du rapport de l'inspection générale le 5/07/2010 le CRIF est intervenu pour condamner la remise en cause de l'enseignement de la Shoah et les voyages de la Mémoire sur plusieurs jours. Enfin, la présence, l’écoute et le soutien moral du Président du CRIF m’ont été très précieux jusqu’au dénouement de l’affaire. Je tiens sincèrement à l’en remercier de tout cœur.
Photo : D.R.