Voici le texte précis de la question de M. Plancade :
« Vous avez dit des mots qui m’ont touché, auxquels je suis très sensible et c’est pour cela que je vais les reprendre pour formuler la question que j’ai à vous poser.
Vous avez dit : « confiance, indépendance, rigueur et fiabilité ». Et votre nomination, M. le président, intervient à un moment où notre pays, plus que jamais, a besoin de réaffirmer que dans chaque corps de métier, la déontologie, l’éthique est une valeur essentielle sur laquelle on ne saurait transiger. A cet égard, le service public se doit, plus que tout autre, d’être exemplaire.
C’est pourquoi je prends la liberté de vous parler ici d’une affaire qui me tient à cœur et qui, de mon point de vue, dure depuis trop longtemps et qui concerne France 2.
Il s’agit de l’affaire de la diffusion du reportage sur la mort, que je mets maintenant entre guillemets, du jeune Mohamed al Doura qui aurait, d’après ce reportage été tué par une balle israélienne.
Suite à ce reportage, il pèse aujourd’hui à l’encontre de France 2 un soupçon grave d’avoir diffusé une mise en scène de cette affaire ; soupçons renforcés par le fait que cette chaîne a perdu le procès qu’elle a intenté contre l’un de nos concitoyens qui avait accusé ce reportage d’être, je le cite « une pure et simple mise en scène ».
J’ai récemment visionné un reportage, réalisé par la chaîne publique allemande ARD, intitulé « L’enfant, la mort et la vérité », soutenant également la démonstration de la mise en scène.
Pour mémoire, je rappellerai que ces images diffusées par France 2 ont catalysé la deuxième Intifada, attisé la haine dans le monde musulman ; des places portent le nom de Mohamed al Doura, des timbres à l’effigie de cet enfant ont été créés et dans la vidéo montrant la décapitation du journaliste américain Daniel Pearl, on voit en fond les images du jeune Mohamed al Doura.
Encore aujourd’hui, dans un livre de Pierre-André Taguieff, qui vient d’être édité aux Presses Universitaires de France, est soutenue l’idée de la mise en scène sans que personne, à ce jour et à ma connaissance, n’ai encore porté plainte pour diffamation contre l’auteur.
Il est temps que soit levée cette suspicion qui pèse sur France 2, suspicion qui est un poison pour l’esprit et qui, pour la circonstance, pourrait bafouer l’éthique de notre service public.
Je souhaiterais donc, M. le président, que vous m’indiquiez quand vous serez en fonction, ce que vous comptez faire pour redonner confiance et rétablir la vérité, puisque le mot confiance c’est vous qui l’avez utilisé, et d’ailleurs [en se levant et en remettant à M. Pfimlin] je me permets de vous remettre à la fois le livre de M. Taguieff ainsi que le DVD de l’émission allemande. »
Le futur PDG de France TV, Rémy Pflimlin, a assuré : « Bien sûr, je regarderai le dossier ».
Photo (le nouveau PDG de France Télévisions, Rémy Pflimlin) : D.R.