Une vidéo d'animation raconte un exemple typique : en 2008 naviguait un bateau appelé Iran Mutafeh et appartenant à l'IRISL, la compagnie maritime nationale de l'Iran. Mais quand, en janvier 2009, ce bateau s'arrête quelques heures à Durban (Afrique du Sud) pour embarquer un hors-bord potentiellement armé de torpilles, il s'appelait le Diplomat et, d'après ses papiers, avait été racheté par la Starry Shine, une compagnie internationale. En quelques mois, les Etats-Unis se sont rendus compte que la Starry Shine avait été inventée par l'IRISL pour contourner les contrôles américains.
Mais il était trop tard. Ce même bateau a ensuite été repéré pour la dernière fois en avril 2009 au large de Karachi : il s'appelait The Amplify et appartenait à une compagnie de Hongkong du nom de Smart Day. Mais, encore une fois, l'IRISL était derrière.
D'après le New York Times, cette histoire n'en est qu'une parmi d'autres qui ont permis à l'Iran de contourner la liste noire créee en 2008 par les Etats-Unis et qui réunit tous les bateaux de l'IRISL, en occultant les véritables propriétaires des navires dans un réseau de sociétés écrans qui s'étend à travers l'Europe et l'Asie. Ainsi, "l'Iran garde une longueur d'avance sur ses poursuivants. Ce jeu du chat et la souris prouve les difficultés de l'application des sanctions", commente le quotidien américain.
Toujours d'après le journal, sur les 123 navires de l'IRISL répertoriés, seuls 46 appartiennent encore officiellement à la compagnie iranienne. Quatre ont été sabordés et les 73 restants sont désormais inscrits comme détenus et exploités par des sociétés ne figurant pas sur la liste noire des Etats-Unis. Quant aux entreprises écrans, elles sont "situées loin de l'Iran, dans des endroits comme Malte, Hongkong, Chypre, l'Allemagne ou l'île de Man (Grande-Bretagne)". Selon le New York Times, parmi ces 73 navires, 63 auraient des liens avérés avec l'IRISL.
(Article publié dans le Monde du 10 juin 2010)
Photo : D.R.