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Publié le 27 Avril 2010

«La perception de l’image d’Israël», points de vue de Claude Goasguen et d’Etienne Mougeotte

Claude GOASGUEN est un homme politique français, député de Paris depuis 1993, ministre de la réforme de l'État, de la décentralisation et de la citoyenneté en 1995, président du groupe UMP au Conseil de Paris de 2001 à 2006 et maire du 16e arrondissement de Paris depuis le 29 mars 2008. Il est à l'origine universitaire, recteur d’Académie puis avocat. Il fut également secrétaire général de l'UDF de 1996 à 1998, porte-parole de Démocratie libérale de 1998 à 2002 et candidat à la mairie de Paris pour les élections de 2008 dans le cadre des primaires organisées par l'UMP.




Étienne Mougeotte est diplômé de l’Institut d'études politiques de Paris. Étienne Mougeotte a débuté sa carrière au quotidien Paris-Normandie. Il travaille ensuite brièvement à Europe 1, comme présentateur des journaux, après mai 1968. En 1969, il rejoint l'ORTF, comme rédacteur en chef adjoint du journal de la première chaîne. À partir de 1981, il prend en charge le pôle Médias au sein du groupe Matra-Hachette dirigé par Jean-Luc Lagardère. En 1987, Étienne Mougeotte entre à TF1. Il devient rapidement le vice-président du groupe TF1 et le directeur d'antenne de la chaîne TF1. Il est également président de LCI, la chaîne d'information en continu du groupe TF1, depuis la création de la chaîne en 1994. Enfin, depuis 2006, il a été vice-président et membre du conseil de surveillance de la chaine d'information internationale France 24, détenue à part égale avec France Télévision. Le 20 novembre 2007, il devient directeur des rédactions du groupe Le Figaro, succédant à Nicolas Beytout. Il rejoint parallèlement à partir du 2 décembre 2007 l'équipe des intervieweurs de l'émission Le Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. Par ailleurs, Étienne Mougeotte est professeur associé au sein de l'école de journalisme de Sciences Po Paris.




Claude Goasguen : le point de vue de l’homme politique



« Pour analyser la perception de l’image de l’Etat d’Israël par la France, il faut auparavant mesurer l’image d’Israël à l’étranger. Il faut noter que tout d’abord, aux Etats Unis, l’Etat d’Israël bénéficie historiquement d’une image positive et favorable. A l’inverse, en Grande Bretagne, l’image d’Israël est plutôt « mauvaise ». En effet, la Grande Bretagne nourrit une hostilité historique à l’égard de l’Etat d’Israël.



Comparativement, la position de la France à l’égard de l’Etat d’Israël se situe à mi-chemin de celle adoptée par les Etats-Unis et de celle prise par la Grande Bretagne. L’Etat d’Israël a donc en France une image contrastée.



L’image « historique » d’Israël n’est pas forcément bonne. Elle est fondée sur la non-reconnaissance par la France de la souveraineté d’Israël. Il y a un antisémitisme chrétien, catholique. Ce qui semblait un sentiment anti-Israël est en réalité lié à un antisémitisme français. C’est le reproche du « bourgeois » catholique qui en « veut » au « bourgeois » juif avant la deuxième guerre mondiale.



Cette hostilité est particulièrement marquée au niveau du quai d’Orsay. C’est le ministère de la défense qui historiquement a fait le lien avec Israël en particulier de 1947 à 1956. En 1967, le quai d’Orsay reprend ses droits et « l’anti-sionisme » également.



A droite comme à gauche, il y a une tradition de proximité avec le monde arabe, comme ce fut le cas pour le président François Mitterrand qui entretenait des liens proches avec Yasser Arafat, puis Jacques CHIRAC.



L’image de l’Etat d’Israël en France s’est dégradée aussi à cause de la guerre d’Algérie. Le français se dit : « comme nous sommes coupables d’avoir colonisé l’Algérie, restons proches des palestiniens ». Il en résulte une image : « Israël est l’enfant de la colonisation ».



Aujourd’hui, le Président Sarkozy a rétabli l’équilibre.



A propos de l’image d’Israël, Alain Minc a pu dire : « Israël est une hyperdémocratie, mais aveugle en matière de communication ».



Il y a souvent un amalgame entre l’attaque portée contre Israël et l’antisémitisme. »




Etienne Mougeotte : L’image d’Israël dans les médias.



« L’Etat d’Israël n’a pas une « bonne image » dans les médias français. En effet, Israël est un pays qui « occupe des territoires ». C’est un pays qui a dressé un « mur ». De plus, Israël détient des colonies, avec ce que cela véhicule de péjoratif. Parallèlement, les palestiniens se sont construits une image à rebours. Ce sont ces images qui sont véhiculées en permanence par les télévisions et par la presse écrite. Tant qu’on mettra derrière Israël les mots : « occupant », « blocus », « mur », et pour les palestiniens les mots « victimes » : on restera dans ce schéma.



En France, il existe une empathie pour les palestiniens et une approche critique d’Israël.



Le pivot, le moment de basculement, se situe au moment de la guerre des 6 jours en 1967. En effet, jusqu’en 1967, Israël bénéficiait d’une bonne image.



La guerre des 6 jours a conforté cette image positive.
Par contre, il y a effectivement une tradition du quai d’Orsay pro arabe.



La situation aujourd’hui est celle-ci : dans les médias, il y a un message globalement anti-israélien et pro-palestinien.



Quand on fait une analyse, on se rend compte que les israéliens n’accordent pas assez d’importance aux médias français.



En ce qui concerne la polémique portant sur la séquence du journaliste Charles Enderlin, le débat a été refusé, en raison principalement d’un corporatisme des journalistes.



Il faudrait organiser des voyages de journalistes en Israël.



Enfin, la communauté juive française ne doit pas avoir de complexe de défendre Israël dans les médias. »



Photo : D.R.