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Publié le 21 Avril 2010

Un israélien à Cannes, par Sandrine Bendavid

La croisette boude le cinéma israélien cette année, à l’exception du « Meshotet (Vagabond) » d’Avishai Sivan, qui sera présenté en compétition de la Quinzaine des Réalisateurs, dont la sélection officielle a été révélée mardi 20 avril 2010.




Le jeune et très prometteur réalisateur israélien dont c’est le premier long-métrage est un artiste avant d’être un cinéaste. Dessinateur et photographe, ses expositions ont été présentées dans de nombreux musées en Israël et en Europe. Son court-métrage expérimental « A Soap Opera of a Frozen Filmmaker» a remporté le prix du meilleur film expérimental au festival international du film de Jérusalem en 2007.



« Ha Meshotet », tourné en 2009, est caractéristique d’une nouvelle phase du questionnement cinématographique israélien qui a débuté en 2008, avec des films comme « Bruria » d’Avraham Kushnir, puis l’année dernière avec « Eyes Wide Open » (Le Certain Regard, Cannes 2009), et qui s’intéresse au milieu religieux séculaire ultra-orthodoxe en Israël.



Au-delà de cette thématique nouvelle et originale qui se détourne de l’identité patriotique, si unanimement controversée, pour investir courageusement la question du judaïsme, il suffit, sans connaître l’artiste, de visiter le site officiel d’Avishai Sivan pour comprendre que nous aurons à faire à une esthétique « monstrueuse ». Un sujet antique pour un cinéaste ultramoderne. Appétissant…



L’histoire :



Isaac, un jeune étudiant de vingt ans dans une Yeshiva orthodoxe, enfant unique piégé dans une famille dysfonctionnelle et dans un corps défaillant, se réfugie dans l'errance. Se promenant dans les ruelles de la ville, il va découvrir que ses seuls amis sont sa voix intérieures et ses deux jambes, qui le mènent de synagogues en salles d’urgences, de rues désertes en créatures mystérieuses, jusqu’au petit matin. Affaibli par une maladie dégénérative et désespéré par le poids de ses doutes spirituels, Isaac cherche à fuir en même temps qu’il cherche la reconnaissance de tout ce qui l’entoure, en vain. Frustré par la précarité de son milieu, humilié par son entourage, le jeune homme révolté va même jusqu’à rejeter la seule personne qui réussissait à le rendre un peu moins seul, pour un mariage arrangé qui pourrait le sortir de la misère. Mais cet espoir lui aussi part en fumée, et l'éruption de violence finale ne se fera pas attendre…



« Ha Meshotet », un film d’Avishai Sivan (2009), sélection officielle de la Quinzaine des Réalisateurs, Cannes 2010.



Photo : D.R.