Tribune
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Publié le 7 Avril 2010

Obama-Netanyahu : les raisons de la crise, par Jacques Tarnero

Apparemment le courant ne passe plus très bien entre l’Amérique et Israël ou du moins entre Obama et Netanyahu. De retour d’une semaine passée à Washington et à New York pour assister avec la délégation du CRIF à la conférence de l’AIPAC puis à diverses rencontres avec les grandes organisations juives américaines, le constat est amer : l’ami et l’allié américain n’est plus tout à fait l’allié et est il encore l’ami ? Malgré des déclarations de haute volée de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, une évidence s’impose, l’Amérique de Barak Obama ou du moins son administration a fait le choix strict de ses intérêts immédiats.




Il faut se poser la question : en quoi l’Amérique a t elle intérêt à soutenir Israël quand cette alliance la positionne comme un ennemi du monde arabe, si riche en pétrole ? Elargissons la question : qui aujourd’hui, quel Etat a intérêt à soutenir Israël ? Aucun, sauf à penser que ce qui menace Israël menace le monde et menace les libertés démocratiques en Occident. On en est loin, et le calendrier électoral des démocraties n’est pas celui des régimes autoritaires. Qui est prêt à se battre pour Israël ? Quel Etat est prêt à faire la guerre pour défendre Israël ? Qui est prêt à aller se battre contre l’Iran pour contrer sa menace nucléaire ? Tous font ce calcul à courte vue qui estime que sans Israël la terre tournerait mieux et l’Amérique de Barak Obama est aujourd’hui dans cette disposition d’esprit. Israël est devenu l’empêcheur de tourner en rond y compris pour le monde occidental et c’est désormais un défi d’une incroyable dureté qui se présente pour Israël et pour la totalité du monde juif. Des choix terribles devront être faits dans les mois qui viennent. Ne nous trompons pas, ne nous illusionnons pas, la rétraction américaine n’est que le produit de l ‘égoïsme à courte vue des nations et l’histoire européenne est pleine de ces lâchetés, de ces trahisons dont le solde est bien plus terrible que l’effort mis à affronter un danger. Le défi de Munich sollicitait le courage de l’Europe. La capitulation devant Hitler ne sauva ni l’honneur ni la paix. Je ne sais pas si le syndrome de Munich est à l’œuvre aujourd’hui. La seule certitude qui se profile c’est la solitude d’Israël.



Photo : D.R.