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Publié le 25 Janvier 2010

Izis : l’homme qui rêvait de Paris et d’Israël

L’hôtel de ville de Paris présente 250 photographies d’Izis. Reconnu aux Etats-Unis où il fut en 1951, l’une des « five French photographers » exposé au MOMA de New York, avec Bressaï, Cartier-Bresson, Doisneau et Ronis, Izis (1911-1980), reste trop méconnu en France.




L’exposition qui vient de s’ouvrir, contribuera à réhabiliter ce doux rêveur, qui a photographié avec une tendre poésie, qui n’a pas vieilli, Paris, Londres et Israël.



Né à Marijampole en Lithuanie en 1911, Israélis Bidermanas qui ne parle que le yiddish et l’hébreu arrive à Paris en 1930. Il travaille dans un studio spécialisé dans les portraits d’acteurs. Quand la guerre éclate, il se réfugie à Ambazac, près de Limoges. En 1944, il rejoint les résistants des FFI qu’il photographie. De retour à Paris, il saisit des portraits émouvants et étonnants de la Capitale qui se reconstitue. En 1949, il est engagé par un nouveau magazine, « Paris-Match » pour lequel il travaillera pendant vingt ans. Il photographie et se lie d’amitié avec les plus grands du monde culturel. Il rencontre Marc Chagall, écrit un livre « Grand bal de Printemps » avec Jacques Prévert.



En 1952, Izis « couvre » le jeune Etat d’Israël et en rapporte des clichés qui ne peuvent laisser indifférents. « Quand je suis allé en Israël », écrit-il, « je suis arrivé en pays connu ; j’ai eu l’impression que c’était le pays de mon enfance : j’ai reconnu le paysage. Cela vient sûrement de mon éducation biblique. Comme le notent les commissaires de l’exposition « Izis, Paris des rêves », Armelle Camitrot et Manuel Bidermanas, le fils d’Izis, certaines photos prises en Israël évoquent métaphoriquement la Shoah, comme celle d’un cordonnier, entouré de chaussures où d’une jeune fille qui ressemble à Anne Franck. Izis retourne à plusieurs reprises en Israël. Il publie en 1955 un livre intitulé tout simplement « Israël » avec une préface d’André Malraux Paris-Match l’envoie suivre le procès Eichmann. En 1964, il retrouve Marc Chagall, qui lui donne une exclusivité : Izis sera le seul à le photographier en train de peindre le plafond de l’Opéra Garnier.



Le Paris d’après-guerre, Israël naissant, Londres à l’heure du couronnement d’Elisabeth II, Malraux et Chagal…Une exposition où il fait bon de prendre le temps de flâner.



Haïm Musicant



Jusqu’au 29 mai, tous les jours de 10 h 00 à 19 h 00, sauf le dimanche et les jours fériés. Hôtel de Ville de Paris, 5 rue Lobau 75005 Paris. Entrée gratuite.



Photo : D.R.