Tribune
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Publié le 13 Janvier 2009

Un militant de la paix écrit a Leila Chahid

Cette mort des 40 Palestiniens dans l'école de L'UNWRA, est une immense tragédie que je déplore, évidemment, mais je n'oublierai pas que, parmi les dépouilles, nous avons reconnu au moins deux miliciens du Hamas, lanceurs de mortiers, les frères Imad et Hassan Abou Askar.


La mort d'enfants, de tout enfant, est une véritable souffrance et vous vous en servez cyniquement comme une arme de propagande, sans jamais dire que le Hamas, lui, utilise les enfants comme bouclier humain dans les écoles, les hôpitaux et……..les mosquées.
Ce qui se passe est de votre faute, et de tous ceux qui pensent libérer la Palestine par la seule violence!
Ce que l'on attend de vous, c'est que vous appeliez à la cessation de tirs, même "d'armes artisanales", comme vous le dites si poétiquement!
Alors, croyez-vous que je puisse oublier que c'est le Hamas qui a assujetti et asservi Gaza, sans distinction aucune entre le civil et le militaire; il a transformé tout ce territoire en un immense canevas de galeries souterraines, truffées d'explosifs, de mines, de dépôts de munitions.
Ces hommes du Hamas ne sont qu'une bande de meurtriers qui ont vidé, sacrifié Gaza dans un bain de sang incroyable, n'hésitant pas à "balancer" du 17ème étage leurs frères, des militants du Fatah qui s'y étaient réfugiés, militants de l'Etat palestinien en marche que vous êtes censée représenter.
Nelson Mendela, l'apôtre de la réconciliation, serait-il devenu à vos yeux un mauvais exemple, et si oui, il faudrait que tous les militants de la paix le sachent.
Mahmoud Abbas, votre leader – à moins que vous ne soyez devenue l'ambassadrice du Hamas – ne cesse d'appeler à la non-violence. Il a condamné publiquement la rupture de la trêve et les Kassam – action qualifiée par le Président Sarkozy "d'impardonnable et irresponsable". Edward Saïd, l'honneur des Palestiniens, avait justement écrit avant de mourir : "La violence n'est pas une option pour le peuple palestinien, et ce n'est pas une issue."
Je n'oublierai pas, non plus, que vous avez condamné les accords de Genève, lesquels ont défini les conditions de la paix entre vous et nous, et auxquels ont adhéré des leaders du mouvement national palestinien.
Il faut que vous compreniez que la violence doit être bannie, la violence ne mène qu'à la guerre... Si vous ne le dites pas clairement et franchement, vous ne serez plus crédible comme porte-parole du peuple palestinien.
Vous ignorez la réalité, dans votre retraite dorée, celle de Paris, puis celle de Bruxelles; vous êtes loin du champ de bataille, de la réalité du peuple de Gaza, de la réalité israélienne.
Vous ne savez peut-être pas que même si le haut de l'iceberg israélien, c'est Tsahal, le bas de l'iceberg ce sont nous les Israéliens, à qui vous faites peur. La peur, sentiment humain, peut engendrer la haine, celle que vous tentez d'inoculer.
Je vous ai écoutée, il y a quelques jours, sur la seconde chaîne de la télévision française et j'ai trouvé votre discours irrigué d'un pathos irrépressible. Ce fut une leçon magistrale de démagogie, inextricablement liée à un passé révolu et qui étouffe tout ce qui pourrait émerger de vous dans la positivité.
Mais sachez enfin, Madame, qu'envers et contre tout, je suis, je reste et je continuerai d'être un homme de dialogue, luttant pour que cette Palestine soit la terre de deux Etats pour deux peuples vivant en paix.
Si vous ne le savez pas encore, le temps des Choukeiry et des Arafat, votre cousin, est révolu; il est venu, le temps des Sari Nusseibeh et des Abed Rabo, qui eux reconnaissent l'existence de l'Etat d'Israël!! le temps de la Paix, seul avenir pour cette région du monde…..
Je ne vous dirai ni Shalom, ni Salaam, tant que vous serez la représentante du Hamas.
Claude Sitbon,
Jérusalem, Israël.