Tribune
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Publié le 18 Novembre 2008

Tsahal reste prêt à frapper l'Iran

Isabelle Lasserre, envoyée spéciale à Jérusalem et Tel-Aviv du Figaro, dans la rubrique recto verso du quotidien (page 2), consacre une longue enquête fouillée sur un sujet on ne peut plus brûlant : « Tsahal reste prête à frapper l’Iran ». Dans cette enquête, la journaliste rappelle à juste titre que les Israéliens craignent que l’Iran se dote de l’arme nucléaire. Ils estiment d’ailleurs qu’entre la fin de l’année 2009 et 2012, les Iraniens pourront se doter de telles armes. Les Israéliens savent aussi que le Président de l’Iran Mahmoud Ahmadinejad, menace Israël d’une destruction et d’une disparition : un officier appartenant à l'aile dure de Tsahal annonce la couleur, anonyme mais glacial : «Quarante-cinq ans après l'Holocauste, il n'est tout simplement pas possible qu'un chef d'État, en l'occurrence Mahmoud Ahmadinejad, annonce chaque semaine son intention de détruire Israël, tout en poursuivant ses efforts pour acquérir la bombe. Nous n'accepterons jamais un Iran nucléaire. Toutes les options sont sur la table.» Les Israéliens se préparent donc : «Alors oui, nous nous préparons aussi à la solution militaire », reconnaît au Figaro, un officier de l’armée israélienne. En juin dernier, une centaine de pilotes de chasse ont simulé une attaque contre l'Iran au-dessus de la mer Méditerranée, près de la Grèce. L'armée israélienne a commandé des bombardiers F35 américains. Les États-Unis ont aussi livré cet automne à Tsahal des bombes perforantes de type GBU-39, considérées comme les plus modernes du monde, capables de transpercer du béton armé. «Si vous voulez la paix, préparez la guerre. Les forces aériennes israéliennes s'entraînent à frapper l'Iran depuis deux ans. Aujourd'hui, elles sont prêtes», assure Leev Raz. Seulement, ajoute la journaliste, Spécialistes et responsables israéliens sont unanimes : seule la puissance militaire américaine peut débarrasser le monde de la menace iranienne. Seul problème : les Américains n'ont pas l'air très chauds. Son second mandat plombé par les guerres d'Irak et d'Afghanistan et Israël ne peut plus agir sans la permission du président américain », regrette Leev Raz. Les défenseurs de la solution militaire, notamment dans l'armée de l'air, proposent qu'Israël frappe l'Iran même sans l'accord des Américains, pour gagner du temps, car la bombe iranienne représente une menace existentielle pour l'État hébreu.



Au milieu, les pragmatiques, comme Leev Raz, rappellent que «Kennedy avait en vain essayé d'empêcher Israël d'acquérir l'arme nucléaire» et qu'il serait «naïf» de «croire qu'on pourra dissuader Téhéran d'accéder au même statut». Certains semblent déjà s'être résolus à cette extrémité. «Le seul moyen d'empêcher les Iraniens d'utiliser la bombe lorsqu'ils l'auront sera alors de changer notre politique d'ambiguïté nucléaire », estime Reuven Pedatzur. Reconnaître officiellement un secret de polichinelle : le statut nucléaire de l'État hébreu. Mais comme le dit Amos Harel, il restera alors une autre question : «La vie sera-t-elle encore supportable en Israël lorsque la bombe nucléaire iranienne aura donné les mains libres au Hamas et au Hezbollah pour nous attaquer?»