A priori, dit l’auteur, sauf cas spécifiques, toutes les lois bibliques s’appliquant aux hommes s’appliquent également aux femmes : rejet de l’idolâtrie, nourritures prohibées, transgressions de caractère sexuel. C’est dans les devoirs des hommes et des femmes, lors des trois fêtes de pèlerinage, Pessah, Chavouot et Souccoth, que des différences font leur apparition. Seuls les hommes étaient concernés, ce qui n’empêchait pas certaines épouses de les accompagner. Quant au rôle des femmes dans l’organisation du culte, il se cantonnait à des fonctions secondaires d’agrément ou d’aménagement.
De même, la capacité d’une femme à prononcer des vœux religieux était limitée. Un homme, nous dit Briana Simon, pouvait vendre sa fille en règlement d’une dette (Exode 21 ; 7), mais, encore heureux, il lui était interdit de la forcer à se prostituer (Lévitique 19 ; 29).
Au niveau des liens entre époux, la consécration de la femme à son époux et non l’inverse a conduit, au cours des siècles, à de nombreuses discriminations.
Pour ce qui est des mitzvoth qui couvrent la quasi totalité des aspects de la vie de l’individu juif, il convient de distinguer entre celles qui sont liées au genre ( il va sans dire que la circoncision, les papillotes ou la barbe ne concernent que les hommes et les menstruations que les femmes) et les autres. Là intervient la notion d’exemption qui, à l’usage, a presque conduit à une interdiction. Que dit le texte : « Tous les commandements positifs qui ont une date limite, les hommes y sont contraints et les femmes en sont exemptées ». Pourquoi de telles exemptions ? Les commentateurs considèrent que la femme étant occupée au foyer à des tâches ménagères, pouvait être dispensée de certaines obligations. Il va sans dire que la situation contemporaine est tout autre et qu’une réflexion s’impose. Autre signe des temps anciens : les femmes sont regroupées avec les esclaves et les mineurs quant aux obligations les concernant, ce qui est pour le moins déconcertant, voire dégradant. Le miniane, lui, on le sait, est un groupe de dix hommes adultes constituant un quorum. Le rabbin conservateur David Feldman soutien que les femmes ne peuvent faire partie d’un miniane du fait qu’elles ne sont pas astreintes à la prière. Le judaïsme libéral a adopté, on le sait une position beaucoup plus ouverte sur la question.
Les problèmes les plus douloureux concernent évidemment le divorce. Bien que Rabbenou Gershom ait établi au 10ème siècle l’interdiction de divorcer d’une femme sans son consentement, il n’en demeure pas moins que « la structure de la loi de divorce existante implique toujours qu’un homme a le droit de divorcer de sa femme, mais pas qu’une femme a le droit de divorcer de son mari. A la place, elle peut faire appel à une cour rabbinique pour obliger son mari à divorcer d’elle ».
Les considérations sur le divorce mènent tout naturellement à la question des agounoth, femmes dont le mariage est en somme suspendu en cas de disparition du mari par exemple. La agounah est dans l’incapacité de se remarier car, pour ce faire, il faut impérativement disposer d’un guet, sorte de facture, qui libère l’épouse. Ce problème, avec celui, concomitant des mamzerim, enfants adultérins, est de ceux pour lesquels il faudra réfléchir et trouver des solutions innovantes. Aux Etats-Unis, par exemple, des femmes n’hésitent pas à faire appel à des juridictions civiles pour obtenir gain de cause.
La Wizo, en Israël notamment, lutte pour l’amélioration du droit des femmes par l’adoption de lois spécifiques.
Ce livret bien documenté est un outil de base pour une réflexion plus approfondie.
Jean-Pierre Allali
(*) Ouvrage publié à l’occasion de la 42ème Journée Biblique de la WIZO mondiale. Septembre 2007. 58 pages. Disponible à la WIZO : 10, rue Saint-Augustin. 75002. Paris.