Mme Calmy-Rey s'est rendue à la mi-mars en Iran pour assister à la signature d'un contrat entre la Société nationale iranienne d'exportation de gaz (NIGEC) et l'entreprise zurichoise Electricité de Laufenbourg (EGL). Selon la télévision suisse romande, ce contrat passé avec la Société nationale iranienne d'exportation de gaz (NIGEC) porte sur une durée de 25 ans. Il devrait permettre d'acheminer du gaz iranien en Italie via le gazoduc Trans Adriatic Pipeline (TAP, 520 km), que l'entreprise zurichoise compte construire d'ici 2011. Les livraisons, qui débuteront dès l'année prochaine, pourront atteindre 5,5 milliards de mètres cubes dès 2012. La moitié du gaz alimentera les centrales combinées d'EGL en Italie, grosse consommatrice de gaz naturel. Une partie du gaz doit aussi être vendue en Suisse.
EGL a souligné que l'accord contribuera à une diversification de l'approvisionnement en énergie vers l'Europe. Cependant, Micheline Calmy-Rey, qui a assisté à la signature en compagnie de son homologue Manoucher Mottaki, a réaffirmé que cet accord ne viole pas les sanctions de l'ONU mises en place en raison du programme nucléaire iranien. Elle a insisté sur l'importance stratégique de ce contrat pour la politique extérieure de la Suisse en matière d'énergie. La veille à Genève, elle avait précisé avoir informé les Etats-Unis du contrat. Washington, qui veut imposer des sanctions plus strictes à l'Iran, ne voit pas ces affaires d'un bon œil, rappelle la Télévision Suisse Romande.
Le Président du Congrès Juif Mondial estime quant à lui que « Mme Calmy-Rey a bradé la crédibilité de son pays pour 5,5 milliards de mètres cubes de gaz ». Washington a d’ailleurs demandé à la Suisse une copie du contrat gazier, pour s'assurer que celui-ci ne viole pas les sanctions imposées à l'Iran, indique l'ambassade américaine à Berne sur son site internet. Israël a également dit son courroux.
Le CJM proteste
Selon le CJM, la crédibilité de la Suisse en tant que « médiateur sérieux sur la scène internationale est très entamée ». Outre le voyage en Iran, M. Lauder s'en prend à l'élection de Jean Ziegler le 26 mars au Conseil des droits de l'homme. Le sociologue suisse a été nommé à un poste d'expert au comité consultatif.
Selon le CJM, la Conseillère fédérale a fait passer son candidat (Jean Ziegler) grâce à un accord avec les représentants des pays africains et asiatiques et ceci en dépit des réserves internationales. Dans son article, M. Lauder considère que M. Ziegler est connu pour ses « prises de position constantes » pour des dictateurs tels que le président zimbabwéen Robert Mugabe.
Selon le quotidien helvétique Le Temps (1er avril 2008), cet événement avait fait effectivement réagir plusieurs organisations juives en Suisse. C'est le cas notamment de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) qui, sous l'œil de son président, Alfred Donath, interprète aujourd'hui cette «lettre vive» de Ronald Lauder comme «un billet d'humeur, toutefois non dénué de vérité, qui traduit l'émotion des juifs face aux menaces pesant sur Israël ». Pour Alfred Donath, la Suisse ternit quelque peu son image de pays des droits de l'homme, en permettant au régime iranien de se faire de la publicité sur son dos. Micheline Calmy-Rey peut-elle en être tenue pour responsable? «Elle est un bouc émissaire. Avant son départ pour l'Iran, elle m'a appelé longuement et il était visible qu'elle ne partait pas de gaîté de cœur. C'est elle qui est allée représenter la Suisse, comme ça aurait pu être un autre conseiller fédéral.»
Marc Knobel
Source: TSR.ch, Edicom. CH. SDA-ATS News Service, Le Temps.