Tribune
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Publié le 7 Février 2008

L’ambassade de France en Iran mérite d’être saluée

L’ambassadeur de France en Iran, Bernard Poletti, a été convoqué le 3 février 2008 au ministère iranien des Affaires étrangères, après une convocation similaire de son homologue iranien à Paris, qui s’est vu transmettre la « ferme condamnation » de la France après que le président Mahmoud Ahmadinejad ait à nouveau invectivé Israël, affirmant que « la sale entité sioniste finirait pas tomber tôt ou tard ».


Au même moment et au grand dam des autorités iraniennes, toujours prompte à emprisonner, torturer et bafouer les droits les plus élémentaires, le site de l’ambassade de France (1) à Téhéran se distingue et publie dans sa home page la déclaration intégrale de la présidence de Déclaration du 25 janvier 2008 de la présidence au nom de l’UE sur la peine de mort en Iran. Cette déclaration énumère les grands principes et rappelle que l’Union européenne est « profondément préoccupée par la nouvelle de l’exécution imminente d’Ali Mahin Torabi, de Saeed Jazee, d’Amir Amrolahi, de Rahim Ahmadi, de Mohammadreza Haddadi, de Behnood et d’Ali (seule identité connue), qui ont été condamnés à la peine de mort pour des crimes commis alors qu’ils étaient mineurs (2) »
Cette déclaration est un véritable camouflet pour les autorités iraniennes. L’Union européenne est ferme sur le ton. Quant à la forme, nous vous laissons juger de la pertinence des termes employés pour condamner le pouvoir des Mollahs :
« L’UE note que ces exécutions constituent une violation flagrante des engagements internationaux de la République islamique d’Iran, et plus spécifiquement du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention relative aux droits de l’enfant, qui tous deux interdisent clairement l’exécution de mineurs ou de personnes condamnées pour des crimes commis alors qu’elles étaient mineures.
L’UE engage instamment la République islamique d’Iran à se conformer au droit international et à suspendre les exécutions de MM. Torabi, Jazee, Amrolahi, Ahmadi, Haddadi, Behnood et Ali, ainsi que de tous les autres délinquants mineurs, et à envisager des peines de substitution pour les délinquants mineurs, dans le respect des normes internationales qui fournissent des garanties pour la protection des droits des personnes encourant la peine de mort.
L’UE est aussi profondément préoccupée par les méthodes d’exécution utilisées en Iran (comme la lapidation), qui ne sont pas conformes aux normes internationales prescrites pour l’application de la peine de mort et qui sont contraires aux engagements internationaux que l’Iran a pris en matière de droits de l’homme. À cet égard, l’UE est préoccupée par le fait que deux hommes, Tayyeb Karimi et Yazdan, ont été condamnés à mort à Chiraz et qu’ils risquent d’être exécutés très prochainement en étant "jetés dans le vide" ou "d’une falaise". L’UE demande à l’Iran de suspendre ces exécutions et de s’engager à ne pas appliquer de telles peines à l’avenir. »
Au milieu d’autres informations qui concernent cette fois les visas, les concours de Français, les études en France et le musée virtuel consacré à l’Empire perse, se trouve également ce sévère rappel à l’ordre de l’Union européenne, en date du 28 janvier 2008.
Extraits :
« La Présidence de l’Union européenne exprime sa profonde inquiétude à propos de la détérioration de la santé de M. Emadeddin Baghi et de M. Mahmoud Salehi, deux défenseurs des droits de l’homme iraniens emprisonnés. Tout en prenant note de la mise en liberté sous caution de M. Baghi pour des raisons d’hospitalisation et de traitement médical, la présidence lance un appel aux autorités iraniennes afin qu’elles garantissent l’entière intégrité physique et psychique de M. Emadeddin Baghi et de M. Mahmoud Salehi dans toutes les circonstances et, plus particulièrement, pour qu’elles leur assurent, si cela est nécessaire, une prise en charge médicale dans des établissements hospitaliers situés en-dehors de la prison où ils sont détenus.L’Union européenne s’est déjà enquise du cas de M. Baghi auprès des autorités iraniennes en novembre 2007. La présidence appelle la République islamique d’Iran à observer tous les instruments internationaux et régionaux qu’elle a ratifiés et tient à souligner la nécessité d’observer l’Article 14 relatif au droit à un procès équitable et l’article 19 sur le droit à la liberté d’expression du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi que la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme de l’ONU. La présidence de l’Union européenne enjoint les autorités iraniennes à mettre fin à tout acte de harcèlement contre les défenseurs des droits de l’homme iraniens. »
Ajoutons à tout cela que la page d’accueil de l’Ambassade publie la Déclaration de la présidence au nom de l'Union européenne sur la liberté d'expression en République islamique d'Iran, affirmant que : « L’UE demeure profondément préoccupée par la répression croissante contre tous les groupes qui exercent leur droit à la liberté d’expression ainsi que par le renforcement des restrictions à la liberté de la presse et d’expression en République islamique d’Iran. L’UE condamne la fermeture de journaux, de magazines et de l’agence de presse "Iranian Labour News Agency" ainsi que les arrestations et les persécutions dont font l’objet des journalistes, des blogueurs et des défenseurs des droits de l’homme qui ont exercé leur droit à la liberté d’expression, et elle rappelle la résolution 59 (I) de l’Assemblée générale des Nations unies. »
Enfin, on trouve sur le site de l’ambassade un lien vers celui du ministère des Affaires étrangères. On peut alors lire toutes les dépêches, les points de presse, les déclarations et/ou communiqués du ministère sur le danger nucléaire iranien, la peine de mort, la liberté de la presse, le droit des femmes et plus généralement sur les droits de l’Homme (3).
Marc Knobel
Notes :
1. L’ambassade de France est située avenue Neauphle le Château, à Téhéran. Les iraniens connaissent bien cette commune du département des Yvelines, située à 21 Km à l'ouest de Versailles. Rappelons que le 8 octobre 1978, expulsé d'Irak, l'ayatollah Khomeini part en exil et trouve un toit à Neauphle le Château, d'où il rentrera en Iran le 1er février 1979.