Par Pierre-André Taguieff
Dans le récent débat sur le « racisme anti-blanc », le grand oublié a été le mot « racisme », comme si sa signification et ses conditions d’emploi ne posaient aucun problème. Il en va tout autrement. Depuis la fin du XXe siècle, il est appliqué de façon polémique à un nombre indéfini de situations, et ne fonctionne plus que d’une façon vague et confuse, comme synonyme approximatif d’exclusion ou de rejet de l’autre, de discrimination, d’hostilité, de haine de l’étranger, d’intolérance à l’égard du différent, de peur phobique ou de mépris. On en connaît les multiples expressions courantes depuis les années 1970 : du « racisme anti-jeunes » au « racisme anti-flics », « anti-vieux », « anti-homosexuels », « anti-Français », voire au « racisme anti-Front national ». Le racisme étant partout, il n’est plus nulle part, et devient indéfinissable.