Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Le fantôme d’Odessa, par Camille De Toledo et Alexander Pavlenko

21 Juin 2022 | 305 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

On ne le dira jamais assez : la parution d’ouvrages de poésie, en général et dans le domaine juif en particulier est devenue assez rare pour qu’on ne salue pas avec plaisir la sortie d’un nouveau recueil. Dans ce nouveau livre, la peintre et poétesse Sarah Mostrel nous offre un ensemble de textes inspirés de la Bible et des textes fondamentaux du judaïsme.

Remi Huppert est un spécialiste des Juifs de Chine. On lui doit notamment Destin d’un Juif de Chine (1). Dans son nouveau roman, le judaïsme est toujours présent.

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Pages

Le fantôme d’Odessa, par Camille De Toledo et Alexander Pavlenko (*)

 

Ce n’est pas la première fois que ces deux auteurs utilisent le moyen de la bande dessinée pour nous présenter un personnage célèbre. En 2018, c’est le père du sionisme, Theodor Herzl, qui a été le héros de leurs dessins (1). Dans cette nouvelle production, « les projecteurs sont dirigés vers l’écrivain russe Isaac Babel assassiné le 27 janvier 1940 sur ordre de Staline.

À travers cette BD aux couleurs souvent sombres comme le récit qui nous est rapporté, c’est toute la vilénie, l’hypocrisie, le mensonge et la folie meurtrière d’un régime auquel, hélas, des millions de personnes avaient fait confiance.
Isaac Babel ne fut pas le seul à subir l’horreur du régime stalinien, loin s’en faut, mais sa tragique épopée est exemplaire. Natif d’Odessa, il se maria deux fois, avec Evguenia Gronfein puis avec Antonia Pirojkova et eut trois enfants : Nathalie, Lydia et Misha.

Par-delà l’épopée personnelle de Babel, nous découvrons la vie animée d’Odessa, ville turbulente, pleine de vie où sévissaient des bandits juifs avec, à leur tête, le « Roi », Bénia Krik. Un anarchiste lié aux bolchéviques qui, finalement, sera trahi par eux. Ami du grand cinéaste, S.M. Eisenstein, Babel lui avait d’ailleurs proposé un scénario sur la mafia juive. Le projet n’eut finalement pas de suite.

Nathalie et sa mère, ayant senti le vent tourner, avaient rejoint la France. C’est par les nombreuses lettres qu’il adressa discrètement à sa fille qu’on connaîtra le sort funeste de Babel, arrêté pour des motifs fantaisistes, une activité d’espionnage au profit de la France, incarcéré à la prison moscovite de la Loubianka, torturé sans relâche et finalement exécuté. Babel, avouera, dans ses lettres à sa chère Natachenka, regretter d’avoir été aveugle et de ne pas avoir, lui aussi, choisi l’exil et la liberté en Occident . « Quelle bêtise ! Quelle bêtise a poussé dans ce pays ». « La Révolution est une grande boucherie ». Ou encore : « Pourquoi, après le congrès, quand j’étais à Paris ne suis-je pas resté avec vous ? Je suis un idiot ».

En conclusion : « La Russie est une prison sous le ciel, et moi, ton père, je ne suis pas un oiseau ».

Isaac Babel, enfant, avait connu les pogromes que subissaient régulièrement les Juifs d’Union soviétique, mais, comme de nombreux coreligionnaires, il commit l’erreur de croire en la Révolution. Il le paya très cher. Longtemps, le pouvoir russe laissa croire qu’il était en vie.

Une BD surprenante. A découvrir !

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Denoël. Mai 2021. Suivi d’une conversation des auteurs avec Sophie Benech. 224 pages, grand format. 24,90 €.

(1) Éditions Denoël. Mars 2018. Voir notre recension dans la Newsletter en date du 3 octobre 2018.