Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - Heureux comme un Juif en France ? Réflexions d’un rabbin engagé, par Yann Boissière

22 Mars 2021 | 417 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion
Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Heureux comme un Juif en France ? Réflexions d’un rabbin engagé, par Yann Boissière (*)

 

« Gliklekh vi Got in Frankraykh », « Heureux comme Dieu en France ». L’adage yiddish est bien connu avec son corollaire : « Leibn vi Got in Frankfaykh », « Vivre comme Dieu en France ». Ou, comme le disait Henri Heine, en 1826,  dans ses « Tableaux de voyage » : « Leben wie Gott in Frankreich ». C’est ce concept qui fera dire, au père d’Emmanuel Levinas, du fin fond de sa Lituanie natale, après la réhabilitation du capitaine Dreyfus : « Un pays dans lequel on réhabilite un petit capitaine juif est un pays où il faut aller ». Et la famille Levinas émigrera en France.

Le rabbin Yann Boissière a choisi un titre similaire pour son livre mais il l’assortit d’un point d’interrogation qui traduit les préoccupations actuelles de la communauté juive de France.

Étonnant parcours que celui de Yann Boissière, catholique de naissance, mais très éloigné de la pratique religieuse, qui, après la mort de sa mère, en 1989 et une audition de Pierre-Henri Salfati, place des Vosges, sur le « Cantique des Cantiques », découvre le judaïsme qui lui va comme un gant : « C’est ça le judaïsme ? Mais c’est moi ! ».Dès lors, « La décision de me convertir au judaïsme est douce, nette et sans bavure ».

Yann Boissière se tourne alors vers le MJLF, Mouvement Juif Libéral de France, alors dirigé par les rabbins Daniel Farhi et Pauline Bebe. Un mouvement qui, en 2019, se rapprochera de l’ULIF-Copernic pour former le JeM (Judaïsme en Mouvement). Au bout de deux années de préparation, Yann Boissière est intégré dans le Klal Israël par un Beit-Din et, après sa conversion, s’engage fortement dans le MJLF-Est. En 1997, le voilà adjoint de la directrice du Talmud-Torah et, en 2007, il décide de devenir rabbin. Sa formation se fera à Paris, à Berlin et à Jérusalem. En 2011, il est ordonné rabbin à Bamberg en Allemagne avant de rejoindre, au MJLF, Delphine Horvilleur et Steven Berkowitz. « Je me sens porteur de la sensibilité libérale du judaïsme », aime-t-il rappeler. Car, à l’entrée dans le monde moderne, trois solutions se présentaient au peuple juif : l’assimilation, l’orthodoxie ou le libéralisme, la réforme en somme dans le sillage des travaux fondateurs du rabbin Abraham Geiger.

Deux sujets sociétaux sont particulièrement sensibles pour le judaïsme libéral : la patrilinéarité et l’égalité hommes-femmes.

Dans le petit livre bien documenté, qu’il vient de publier, le rabbin Boissière aborde le sujet délicat de l’inquiétude de la communauté juive avec la montée d’un antisémitisme virulent. À l’antijudaïsme chrétien et à la haine raciale portée par l’extrême-droite, se sont désormais ajoutés l’antisémitisme porté par la culture musulmane sur fond de conflit israélo-arabe et celui de la gauche extrême, libertaire ou altermondialiste axée sur une détestation profonde de l’État d’Israël. Et la pandémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses, les théories du complot accusant les Juifs d’être responsables de l’apparition et de la diffusion du virus se multipliant à travers l’Europe.

Tout cela fait que beaucoup de Juifs de France ont perdu patience, choisissant le départ, l’alya, pour Israël. Et si, entre 2012 et 2016, l’étiage des départs se situait aux environs de 2000 âmes, il atteint 8000 personnes en 2017. Alors, « que faire si Marine Le Pen accède au pouvoir : partir ou entrer en résistance ? »

Bref, « Les Français juifs doivent maintenant décider de continuer ou non leur histoire française ».

Des pages très intéressantes sont consacrées au dialogue judéo-chrétien et aux relations entre judaïsme et islam. « Le dialogue entre Musulmans et Juifs est donc à la fois naturel et complexe, marqué par le conflit mais aussi par une culture commune ».

On regrettera l’absence d’un chapitre sur les relations du judaïsme avec le bouddhisme et l’hindouisme. Mais la richesse de cet ouvrage est telle qu’on ne saurait bouder notre  plaisir à sa lecture.

À découvrir en urgence !

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Tallandier. Mars 2021. 158 pages. 15,90 €.

 

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